Après un détour par le formatage bodybuildé d'Iron Man 3, Shane Black revient à ses premières amours, dans la droite lignée de son couple bancal de détectives de Kiss Kiss Bang Bang. Changement de casting, avec le duo Crowe/Gosling, brutaux et maîtrisant la répartie, d’époque aussi puisque l’intrigue ici présente lui donne l’occasion de s’exiler dans les 70’s mourantes, ambiance Privé d’Altman pour l’Amérique décadente, ou Inherent Vice pour la dimension satirique et grotesque.
Black lève aussi un peu le pied sur les transgressions narratives chères à Downey Jr. dans l’opus précédent, ainsi que les multiples rebondissements d’une intrigue à tiroirs qui se veut ici un peu plus linéaire, et par conséquent classique. Comme à l’accoutumée, la banale enquête sur un individu apparemment lambda va lever le fil d’un vaste réseau impliquant politiques, mafia et industrie automobile, sur le canevas des intrigues à la Ellroy ou du Chinatown de Polanski.
Buddy movie d’époque, The Nice Guys assume parfaitement l’idée de s’inscrire dans le cadre d’un genre codifié, et prend le pari d’y faire ses armes. Et c’est là que certaines bonnes surprises émergent. Parce que les comédiens n’ont pas peur du ridicule, entre un Crowe à la limite de l’obésité et un Gosling qui hurle comme une jeune fille, équilibrant leurs failles à coups de réplique qui peuvent s’avérer assez drôles par moments.
La parodie du film noir (le privé, les voix off, l’alcoolisme, la vénalité affichée) a certes ses limites, et c’est surtout dans les scènes d’action où la brutalité la plus franche s’exprime que le cinéaste fait mouche : Gosling, presque à la manière d’une créature de Tex Avery, passe d’un étage à l’autre, nage avec des sirènes et conduit comme un branque une intrigue dont il ne semble jamais vraiment maîtriser la course.
Cette nonchalance, ajoutée à la malice d’une ado de 13 ans et une reconstitution des seventies assez savoureuse, permet au film l’atteinte de son objectif, certes assez modeste : divertir, ni plus ni moins.