Un désir de vengeance
Tasmanie 1825, Clare une bagnarde irlandaise se lance à la poursuite de ceux qui l’ont violée et qui sont responsables de la mort de toute sa famille. Elle sera accompagnée dans sa quête par Billy, un jeune aborigène qui lui servira de guide.
La face cachée de la civilisation
Violente charge contre l’empire colonial britannique, son racisme et sa violence, The Nightingale, n’a rien du « rape and revenge » (le « viol avec vengeance »), sous genre d’exploitation souvent bien crapoteux et voyeuriste, dont il empreinte néanmoins l’argument. Pas de complaisance ici, le point de vue est toujours celui de la victime et la violence n’est ni magnifiée, ni salvatrice. La mise en scène de Jennifer Kent est sobre, la photo est plutôt sombre et son choix de format 1.37 : 1 (image 4/3), au plus près des visages, s’avère également particulièrement judicieux quand il s’agit de perdre son héroïne dans l’immensité des forêts du bush Tasmanien. La reconstitution historique est minutieuse, décors, costumes, coutumes et langues parlées, tout est traité avec authenticité. Côté interprétation, on retrouve la jeune Aisling Franciosi (aperçue brièvement dans Game of Thrones) dans le rôle de Clare, le débutant Baykali Ganambarr joue Billy, le guide aborigène, Sam Claflin (vu dans Hunger Games ou Peaky Blinders) et Damon Herriman (Charles Manson dans Once Upon a Time in Hollywood et dans Mindhunter saison 2) jouant quant à eux une paire de salauds absolument glaçants et néanmoins humains.
Odyssée à la violence particulièrement éprouvante (notamment dans sa première demi-heure), The Nightingale n’est pas un film pour tous les publics mais n’en demeure pas moins un film particulièrement essentiel à une époque où l’on parle encore parfois des bienfaits de la colonisation.
Un long chemin avant d’arriver chez nous
Présenté à la Mostra de Venise en 2018 où il a obtenu le prix spécial du jury et le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir pour Baykali Ganambarr, The Nightingale a fait le tour des festivals et gagné de nombreux prix de l’académie Australienne du cinéma, avant de sortir, courant 2019, dans quelques pays. Privé de sortie française pour cause de pandémie, le film arrive enfin en France (après une diffusion au festival Hallucinations Collectives de Lyon), directement en DVD/Blu-ray chez Condor Entertainment.