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le 12 mai 2022
99 j'aime
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Après deux films brillants, hautement respectés de la communauté des adorateurs de cinéma indépendant, Roger Eggers fraye son chemin vers une grosse production. Va-t-il confirmer son talent en nous offrant une nouvelle pépite ?
Oui.
The Northman est une sorte d’expérience hybride, entre le film-à-thèse hautement érudit et le trip bourrin sauvagement brutal. Ce qui est à la fois délicieux et casse-gueule.
Souvent, le film-à-thèse requiert de la part du spectateur un certain bagage culturel, faute de quoi il restera sur la touche. Je me souviens avoir vu Mother ! de Darren Aronofsky en compagnie de deux personnes qui ne connaissaient pas du tout la Bible et, si le caractère impressionnant du métrage les avait marquées, elles n'avaient su que faire de ces informations...
L'immense avantage de The Northman est qu'il ne nécessite aucune explication de texte : on peut le découvrir comme une aventure grisâtre et pluvieuse, l'histoire d'une vengeance désesperée qui consume l'âme de celui qui l'exerce plus encore que ceux qui la subissent...
Et au premier degré, c'est une réussite de tous les instants : la photo, la musique, l'investissement des acteurs, tout concourt à faire un film impeccable.
Alors la question se pose : en quoi est-il meilleur que les autres ?
Parce que l'érudition qu'apportent Roger Eggers et Sjón Sigurdsson, sans l'imposer, fait de cette saga d'Amleth un récit primordial, comme si on découvrait aujourd'hui l'histoire qui a inspiré Hamlet, Beowulf, ou encore Le Chant des Nibelungen...
Évidemment, les figures imposées se voient au premier coup d'œil : l'oncle qui tue le Roi et prend le pouvoir, le héros increvable qui se bat tout nu, le type qui se fait passer pour un esclave pour endormir la vigilence de ses adversaires (et qui plus tard est pendu et torturé...) mais c'est dans les thèmes développés et entrelacés que Roger sort son épingle du jeu.C'est l'occasion pour lui de faire resurgir des éléments de The Vvitch (le paganisme religieux, la fascination pour un pouvoir mélefique...) et The Lighthouse ( la haine aveugle, alimentée par... la fascination pour un pouvoir maléfique.) et les pousser plus loin.
Le pouvoir surnaturel dans The Northman n'est pas maléfique en lui-même : seuls les hommes et leurs agissements décident de son inclinaison. Jamais il ne cède au manichéisme. On a beau être aux côtés du héros tourmenté, il n'en est pas moins une bête implacable qui sème la mort. On a beau connaitre la vilainie de l'oncle Fjölnir, il nous apparait comme un pauvre usurpateur complexé...
En celà, il respecte les croyances locales, qui estiment que le Destin de chacun est tracé à l'avance et que seule la manière dont on vit les évènements font de nous des gens dignes ou des moins-que-riens...
En reconstituant cette épopée, Roger Eggers fait honneur à ces hommes et ces femmes du nord, à la richesse de leur culture, et à leur inexorable Destin...
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Créée
le 13 mai 2022
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