The November Man a frisé la correctionnelle, passant à deux doigts du ridicule revival d’un Bond qu’a incarné autrefois Pierce Brosnan. Tout y était pour que ce film devienne un gadin mémorable : la C.I.A. à la place du M.I.6, les Russes encore et toujours présentés comme d’infâmes dictateurs assoiffés de sang et Roger Donaldson aux manettes, réalisateur potache qui ne peut se vanter que d’avoir réalisé l’excellent Sens Unique. Et bien non finalement, malgré ses handicaps, The November Man se démarque de 007, le plus traditionnel du moins, puisque il ressemble (de loin) au 007 version Daniel Craig : brutal, ambigüe et finalement plus humain.

Comme dans Sens Unique, Roger Donaldson revient avec un scénario à ouvertures multiples, empilant fausses pistes, poursuites et révélations, pour accoucher d’un complot international visant à faire des U.S.A. et de la Russie d’authentiques alliés. Si l’intention est louable, on peine à croire qu’on puisse encore de nos jours, pondre des scénarios au parfum de guerre froide étalant tant de clichés sur une époque dont les cendres sont à peine tièdes. Peu importe, le film est efficace et finalement, beaucoup moins stupide que le Die Hard 5 de triste mémoire, qu’on nous a imposé il y a peu.

Tout tourne autour de Peter Devereaux, ex-agent de la C.I.A. mis en retraite depuis quelques années et rappelé par son boss pour aller sortir sa petite copine des griffes d’un méchant dictateur russe, responsable de la deuxième guerre de Tchétchénie. Pas certain que sa majesté Poutine apprécie beaucoup le film tant la ressemblance (pas très fine) à l’air voulue. Les années prises (très bien prises d’ailleurs) par Pierce Brosnan, aident à faire de Devereaux un personnage sûr de ses qualités d’agent, mais bien moins sûr de ses qualités d’homme. Un agent capable de choisir entre sa vie et celle des autres et qui n’hésite pas à trancher l’artère fémorale d’une femme qu’il ne connait pas, pour sauver sa peau : dévorer ou être dévoré…

S’il n’a jamais brillé, Roger Donaldson a le talent pour faire des films énergiques et nerveux, où le rythme retombe très rarement. C’est vrai aussi qu’il sait tirer le chaland avec du sang, de la violence et une dose de sexe, mais Die Hard 5 (décidément) l’a démontré, ça ne suffit pas toujours à faire un bon film d’un film médiocre. Le montage enchaine les scènes courtes qui vont à l’essentiel avec d’autres à peine moins courtes, qui posent les enjeux de l’histoire et des personnages. Les scènes d’actions, moins abusées que dans certaines franchises, restent tout à fait honnêtes et ont en efficacité ce qu’elles n’ont pas en moyens.

Pierce Brosnan semble avoir compris que c’est bien en espion qu’il est le meilleur. Même s’il s’est essayé à la comédie durant toutes ces années, sa carrière post-Bond manque de cohérence. Les rides aidant le visage plus émacié lui donne le « grain » et l’épaisseur qui manquaient encore au 007 de l’époque. Moins d’arrogance et plus de sincérité, Pierce Brosnan sait finalement vraiment jouer la comédie. Pas comme Luke Bracey (vu entre autres dans G.I. Joe et American Dream), pas aidé par un rôle de décomposition de personnage monolithique façon Keanu Reeves, qui tire la tronche jusqu’au générique de fin, tout ça pour avoir l’air d’un dur. Mais un dur qui fond comme n’importe qui devant Olga Kurylenko (vue dans Saint-Laurent et tiens donc, dans Quantum Of Solace), adorable en poupée russe, rendue atomique dans une scène où elle doit jouer les escort-girls de luxe vêtue d’une robe plus courte qu’un t-shirt…

Bon c’est vrai, c’est pas non plus le grand retour de Pierce Brosnan, c’est même pas son meilleur film, mais c’est honnête et bourré des meilleures intentions du monde: faire passer un bon moment à tous ceux qui ont besoin d’évacuer un peu d’hormones et les rappeler aux bons souvenirs de sa majesté James. Sans affirmer que ce sera un bon investissement, on a presque envie de dire que se payer une place de cinéma pour aller le voir, ne sera pas forcément de l’argent balancé par les fenêtres. Pour peu qu’on soit client des relents de guerre froide et d’agents doubles qui dorment toute leur vie une arme sous l’oreiller. Sinon, attendez de le voir sur petit écran…
Jambalaya
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le 9 oct. 2014

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