Le un

Après Jackie Chan, je pensais pouvoir trouver un substitut avec Jet Li, mais j’ai vite renoncé à explorer en détail sa filmographie, n’ayant rien trouvé qui m’ait vraiment plu, même dans ses films les plus réputés. Alors autant passer directement à ses pires merdes, celles qui, au moins, font rire tant c’est mauvais.
Et pour ça, The one était très prometteur.

Le film de James Wong parvient à paraître con dès la première réplique : "L’univers n’est pas unique. Il est multiple. C’est un… multivers !"
Il y a l’univers d’Anubis, d’Hadès, du serpent, … (???)
Et d’un univers à un autre, chaque individu a une version différente de lui-même. On en a la démonstration avec Jet Li, qui dans tel univers est un surfeur blond, dans tel autre arbore des dreads (ils l’auraient mis en blackface, ça aurait été encore mieux). Et comme le lui explique un personnage, dans un autre univers il peut être marié à une autre femme, ou même à un homme (une idée qui ne plaît pas au héros).
Heureusement, les deux Jet Li sur lesquels le film est centré sont les deux seuls à avoir un look normal. Tous deux ont pour nom de famille "Law", comme "la loi" en anglais donc. L’un est justement policier, tandis que l’autre est un criminel qui tue toutes les autres versions de lui-même, ce qui répartit la force et l’intelligence du défunt parmi les survivants. Un peu comme dans Highlander. Et forcément, la confrontation des deux surhommes évoque Terminator 2 ; je ne pense pas que ça soit un hasard si une des musiques de The one évoque celle du film de James Cameron.
En plus de ça, il y a des agents qui tiennent le rôle de flics du multivers, qui suivent les deux adversaires ; le rôle qu’ils tiennent n’est pas bien clair.

Le principe The one est très con, quoiqu’il aurait pu donner un film d’action sympa. Mais non.
Ce film arrive deux ans après Matrix, et comme beaucoup d’autres, cherche à en imiter les effets, qui étaient le sommet de la cool-itude à l’époque. Ca abuse des bullet-times mal foutus, et de ralentis et d’accélérés vraiment moches.
La vitesse et force décuplée des Jet Li se traduit par des coups envoyés à vitesse normale à ces ennemis au ralenti, ou une course à vitesse normale sur un fond flouté comme si le décor bavait.
Et les CGI ont été faits par des gens qui devraient sérieusement réviser la physique ; c’est rare que les corps réagissent aux coups de façon cohérente.
Il y a 49 millions qui sont partis dans ce film, de quoi se lâcher sur les CGI, en mettre de partout, même s’ils sont inutiles et moches ; visuellement ça se situe quelque part entre Le médaillon et Mortal kombat 2.
Les personnages ont tout un tas de gadgets "high-tech", qui font dans la surenchère, au look immonde.
James Wong avait auparavant réalisé Destination finale, qui était un film sympa, pas forcément brillant mais on était quand même loin d’un tel mauvais goût…
La seule chose dont j’ai aimé le look, c’est les costumes, probablement parce que, parmi les nombreux emprunts du film, ceux-ci lorgnent du côté de Demolition man.

Il faut avouer qu’il y avait quand même quelques idées intéressantes. Des détails diffèrent d’un univers à une autre, ce qui est souligné dans ces deux séquences en prison qui se font écho, où les rôles s’inversent pour deux incarnations d’un même personnage.
Mais ça s’arrête là, et finalement le fait que les antagonistes soient la même personne qui a pris des directions opposées est à peine exploité, et les quiproquos concernant leur identité sont ratés. Pourquoi ils s’habillent exactement pareils ? Et lors du combat final, l’un des deux retire sa veste, sans raison, simplement pour qu’on puisse les distinguer.
Autrement, c’est assez simple de voir qui est lequel. Le méchant Jet Li en fait des caisses avec ses mimiques, ses gestes qui n’ont aucun sens, et je comprends pas pourquoi mais la première incarnation du personnage qu’on voit dans le film ne cesse de dodeliner !

Même les scènes d’action ont peu d’intérêt, à part quand elles sont particulièrement nulles. Jet Li se contente la plupart du temps à shooter des mecs, alors que, bon, j’aurais pensé qu’on l’aurait choisi plutôt pour faire des arts martiaux.
Mais même les combats à mains nues sont peu lisibles, il y a cette scène qui aurait pu être sympa où Li se la joue Jackie Chan et piège plusieurs policiers avec des menottes, mais c’est mal filmé et monté.
Et l’affrontement entre les deux personnages principaux représente surtout le sommet de la nullité des combats, l’usage de câbles devient abusif et d’une totale laideur, les personnages flottent presque dans les airs, ils se foutent des coups de pieds à 10m de hauteur, quand quelqu’un se fait frapper il fait un quadruple salto, et il y a ces changements de vitesse ridicules.
Au passage, tous les combats se font sur du nu-metal ; j’aime bien la BO en soit mais ça ne colle pas au film.

Le pire c’est qu’on s’ennuie, il y a trop de blabla, l’histoire traîne. On rit pas tant que ça au final ; les répliques sont vraiment bêtes mais pas bien drôles, et nombreuses des scènes WTF sont avant tout consternantes. Le moment dont je ne revenais pas, c’est quand le méchant Jet Li désigne son double en disant simplement "c’est lui" aux agents du multivers, et ces derniers s’apprêtent à l’envoyer en prison, juste comme ça.
Il aurait fallu plus de scènes comme celle où le méchant dévie une balle avec son flingue, ou se bat avec une moto dans chaque main : c’est à la fois extrêmement con et laid, et du coup plus divertissant que le reste…

PS : Il y a un cameo d’un des mecs du documentaire "American movie". J’ai halluciné.