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The Order pourrait se ranger dans la catégorie confortable des bons films à l’ancienne. Une histoire bien charpentée, dénuée de véritable surprise, nous définit les camps, les quêtes respectives et...
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The Order pourrait se ranger dans la catégorie confortable des bons films à l’ancienne. Une histoire bien charpentée, dénuée de véritable surprise, nous définit les camps, les quêtes respectives et la manière dont elles vont entrer en conflit, reprenant en cela la mythologie déjà très référentielle du modèle Heat de Michael Mann. Une alternance entre portraits et séquences d’actions permettant d’accomplir la geste des protagoniste, dans une trajectoire qui ne peut que s’achever sous le joug des enjeux tragiques avec lesquels on a joué depuis le commencement. Un cast solide, où les briscards jouent à désacraliser le glamour qui les accompagne habituellement (Jude Law, en moustachu des 80’s), et la jeune garde confirme tout le potentiel qu’on lui soupçonnait (Nicholas Hoult, aux antipodes de son rôle de Juré N°2, et Tye Sheridan dans une retenue salvatrice après les excès de pathos de Black Flies). Une atmosphère délétère, où le vintage jauni et enfumé de l’Amérique profonde des années 80 remue ses profondeurs les plus rances, au sein d’une communauté néo-nazie prête à une action de grande ampleur. L’écho assez évident avec les discours assumés d’une frange de l’Amérique actuelle a ceci d’intéressant qu’il ne s’agit pas d’une démonstration en forme de tract politique, mais plutôt d’une galerie de portraits pour donner à voir les différentes facettes du fanatisme.
En faisant de la cellule familiale le premier plan (tout l’arc sur la question des enfants, de la nécessité d’une descendance masculine et du primat accordé à l’endoctrinement dès le plus jeune âge par le motif du livre pour enfant), Justin Kurzel poursuit sa quête du portrait d’un individu sous influence, déjà abordé dans Nitram. Il y gagne ici en efficacité dans la mesure où la forme canonique est exploitée avec pertinence, les séquences dynamiques (braquage, assaut nocturne d’une maison) s’avérant d’une belle maîtrise.
La question du « film à l’ancienne » pourrait soulever quelques questions sur l’état du cinéma actuel, et virer vers un plaisir nostalgique un peu stérile. En réalité, le film fonctionne surtout grâce à son sens de l’équilibre ; la place accordée aux femmes, par exemple, qui reprend elle aussi celle qu’on trouvait dans Heat, enrichit sans jamais s’appesantir les motifs de l’emprise ou du bon sens (l’épouse du flic haïssant d’emblée l’arrivée de l’agent du FBI). Le savoir faire est ainsi entièrement dévoué à son sujet, et sa principale qualité consiste à fournir un résultat honnête, qui ne cherche jamais à trop en faire, tout en ayant le courage de convoquer certains modèles qui pourraient lui faire de l’ombre (ainsi des références à Voyage au bout de l’enfer dans les scènes de chasse), tout en gardant la sagesse de rester pessimiste face aux enjeux sociétaux et moraux qu’il brasse. De quoi souhaiter la survivance des vieux modèles.
(7.5/10)
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