Je me suis laissé tenté par ce film original Netflix surtout parce qu'il mettait en scène Jared Leto que je n'avais plus eu l'occasion de voir en tant que premier rôle depuis longtemps (et dans un bon rôle surtout... "Suicide Squad" et "Blade Runner 2049" n'ayant pas vraiment permis d'apprécier le talent du bonhomme à sa juste valeur). L'autre raison, c'était cet ancrage de l'action dans le Japon post-Seconde Guerre Mondiale, peu exploité au cinéma (ou en tout cas, à ma connaissance).
Eh bien tout ça est quand même très décevant.
Pour le pitch: Nick, soldat de l'armée Américaine capturé par les forces japonaises à la fin de la guerre, se lie d'amitié avec un co-détenu qui se révèle être membre d'un gang de yakuzas. Nick lui permet de s'enfuir et, en retour, son comparse lui offre l'opportunité de devenir un membre à part entière de cette mafia.
Ce film n'est pas foncièrement "mauvais", mais sa banalité est incroyable, surtout à la vue du sujet traité.
Absolument tous les clichés propre au genre sont présents: L'outsider qui doit se faire accepter au sein d'un groupe fermé, qui vit un amour interdit, qui devient finalement plus loyal envers le groupe que certains de ses aînés, trahisons, etc...
Alors oui, le chef opérateur est bon, les intérieurs sont filmés tout en sobriété, les lumières blanches apportent un cachet classieux, sont assorties aux smokings des protagonistes... Même la B.O est pas mal du tout. Mais niveau mise en scène, on est quand même sur quelque chose de très simple, lisse, à la limite du téléfilm.
Du coup, tout semble se dérouler de manière très mécanique, sans surprises ni ressentis forts pour le spectateur.
C'est d'autant plus dommage que le casting japonais est excellent, avec de véritables "tronches" qui dégagent un charisme dingue.
Dans le cas de Jared Leto, c'est plus compliqué, et c'est encore là un des points faibles du film.
Pourquoi en avoir fait un personnage mutique, totalement froid ? On dirait que le réal tente de le transformer en une sorte de Ryan Golsing de chez Winding-Refn (on ne peut d'ailleurs que penser à "Only God Forgives" au visionnage du film). Sauf que, là où les personnages de Refn sont, par essence, mystérieux et impénétrables, on a ici affaire à un ex-soldat US, a priori pas à son aise au milieu de gangsters nippons, et pas forcément prêt à commettre des meurtres de sang froid.
Du coup, quelle pourrait être l'explication au fait que Nick soit si unidimensionnel ? Traumatismes de la guerre, de la captivité (après tout, on ne sait pas combien de temps il a été détenu) ? Tout cela semble un peu léger, et si le "non-jeu" de Leto est intéressant dans certaines situations, il lui vaut surtout de traverser la plupart des scènes de manière fantomatique, sans que de véritables évolutions soient perceptibles chez lui. Difficile alors de nous sentir impliqués dans ses dilemmes, choqués par ses actes, par sa "descente aux enfers", puisque le personnage semble complètement ravagé depuis le début.
Une autre déception (plus personnelle) vient du manque de contextualisation, d'immersion. Le spectateur a finalement un aperçu très maigre de ce Japon d'après-guerre, pourtant sujet à des tensions et des paradoxes fascinants à traiter.
On se retrouve avec un film pas désagréable à regarder mais assez ennuyeux, et surtout source de frustration lorsque l'on imagine le résultat qui aurait pu être obtenu par un autre réalisateur, avec une autre approche, avec une vraie audace...