Après avoir orchestré l'invasion de notre chère planète par des envahisseurs et par un ersatz de Gojira, avec tout ce que cela implique d'explosions, d'acteurs internationaux et de patriotisme exacerbé, Roland Emmerich, le plus américain des cinéastes allemands, s'amusait en 2000 à reconstituer rien de moins qu'une page de la guerre d'indépendance des Etats-Unis.
Avec un budget conséquent de plus de cent millions de dollars, le papa de Universal Soldier se fait plaisir et reconstitue sous nos yeux des batailles impressionnantes, à la violence graphique étonnante pour ce genre de production hollywoodienne visant le plus grand nombre. Un certain savoir-faire qui permet d'offrir de belles images, renforcées par la photographie de Caleb Deschannel.
Formellement satisfaisant, The Patriot pêche cependant sur tout le reste, à commencer par le scénario rédigé par Robert Rodat, déjà à l'oeuvre sur celui de Saving Private Ryan. Patriotique et manichéen jusqu'à l'outrance, il ne pose qu'un regard simpliste sur un conflit pourtant infiniment complexe, incapable également de construire des personnages sortant véritablement du lot.
Réduit à incarner de simples caricatures, les comédiens font se qu'ils peuvent, Mel Gibson nous ressortant pour l'occasion sa panoplie de héros vengeur pendant que Jason Isaacs semble se régaler à jouer les pourritures intégrales. On appréciera cependant de découvrir un tout jeune Heath Ledger, à l'aube d'une célébrité qui finira malheureusement par le consumer.
Sans être catastrophique grâce à une poignée de séquences efficaces et à la beauté de ses images, The Patriot est une évocation bien trop consensuelle pour convaincre, s'étirant inutilement en longueurs, peinant à atteindre un certain stade d'émotion et flattant d'une manière bien grasse le patriotisme de ses spectateurs américains.