Lorsque vous demandez à l’Allemand Roland Emmerich de réaliser un film sur la Guerre d’Indépendance dont le titre même porte la mention de patriotisme, vous savez que vous visez juste. Toutefois, Emmerich en profite pour essayer de transmettre un message pacifiste en dénonçant les horreurs et les absurdités de la guerre. Alors c’est vrai qu’on se sent mal lors des ces batailles bien rangées où ces pauvres soldats n’attendent que de se tirer dessus à tour de rôle dans l’espoir que ceux d’en face les ratent… Et c’est ce que les Britanniques appelaient une « guerre honorable ».
Toutefois, si le message est bien là, disons que d’un autre côté, les actions du personnages de Benjamin, soi-disant pacifiste, sont excusées par sa vengeance mais n’en restent pas moins belliqueuse : il est celui qui donne le dernier élan d’espoir pour déborder les Anglais à la fin. S’il prend la tête de la Milice pendant un temps, il s’allie au final avec l’armée. Ce qui est bien dommage, parce que le film va graviter autour de cette quête vengeresse, qui ne fera que s’amplifier jusqu’à la conclusion, ce qui va entraîner pas mal de longueurs. Le film adopte un rythme de biopic/film historique, mais il lui manquera un rythme propre, ou un véritable liant entre les différentes parties.
C’est marrant de voir Mel Gibson libérer l’Amérique après avoir libéré l’Écosse, mais du coup on le sent clairement à l’aise dans son rôle. Heath Ledger réussira à faire bonne impression avec un rôle plutôt superficiel et Jason Isaac sera un parfait antagoniste. Les autres rôles secondaires resteront assez peu mémorables, soit parce qu’ils entrent dans l’archétype des rôles secondaires d’Emmerich, soit parce que leur jeu n’a rien de flamboyant. Techniquement, le film tient la route : la musique de John Williams est classique à souhait pour le genre, les décors sont superbes et les effets spéciaux n’hésitent pas à se montrer sanglant. Quant à la mise en scène, Emmerich reste assez classique.
Bref, un film intéressant même si ce n’est sans doute pas le meilleur sur cette période-là de l’Histoire.