Belle surprise, il faudra que je suive de plus près la carrière de ce cinéaste, en espérant qu'il ne se laisse pas recruter dans l'écurie Marvel ou DC.
Le scénario repose essentiellement sur des dialogues mais ne prive pas pour autant le spectateur de scènes fortes, que ce soit par les confrontations de personnages (les scènes avec le père et celles avec le psy sont toutes assez impressionnantes) ou par quelques situations incongrues (l'extorsion, la scène de repas chez sa copine). Si l'on ressent de la peine pour le personnage principal, le ton général n'est pas trop dramatique ; disons que c'est raconté avec distance et l'auteur ne se gêne pas pour inclure un peu d'humour. Quant au trauma, l'auteur passe plus de temps à soigner son personnage qu'à répéter ce qui ne va pas, jusqu'à aboutir à une évolution qui se fait toute seule, sans devoir en pointer les conséquences. La conversation finale avec le père est d'ailleurs assez couillue, surtout que le film s'arrête quelques secondes après le dernier mot prononcé par le père, c'est assez dingue. Les personnages sont bien écrits et bien exploités, ils animent vraiment les scènes et on sent que ça se serait passé autrement avec d'autres personnages.
La mise en scène est sobre et soignée sans tomber dans le maniérisme. Ces cadres propres semblent refléter l'état psychologique du héros qui a toujours dû renoncer à montrer ses émotions et qui a dû bien compartimenter les choses : amis, petite amie, famille, sport. Les acteurs délivrent tous de superbes prestations, c'est assez dingue d'avoir pu réunir autant de talents artistique pour sublimer le travail technique. Le découpage est particulier, les angles de vue ne sont pas les plus évidents, fonctionnent bien, amènent un petit décalage. Le montage est posé, le rythme s'impose de lui-même et l'on est happé jusqu'à la fin du film. Le travail sur les motifs visuels et sonores est assez impressionnant : ce thème qui revient régulièrement, l'utilisation de Mozart, ...
Bref, très chouette petit drama bien foutu.