Après avoir lu quelques détracteurs du film, notamment du rôle de Gosling, j'ai la net impression que certaines personnes en attendent parfois trop.
Commençons d'abord par le réalisateur: Nous sommes sûrement beaucoup à avoir pris le temps de voir Blue Valentine, un film bon dans sa monotonie et sa linéarité car il arrive quand même à nous prendre par les tripes du début à la fin, ou presque.
Au contraire, avec "The Place Beyond The Pines" on fait face à différents rythmes, des contres-courants dû au fait que le film soit entre-coupé, comme beaucoup l'ont remarqué, en trois parties. Là où le réalisateur nove, c'est qu'il nous pond un film sans réel personnage principal. Le public peut alors se mettre à la place de n'importe lequel des protagonistes du film: La mère trop fière pour demander de l'aide au père de son enfant, le beau-père pacificateur, le père dégageant une aura de gangster mais qui au fond ne cherche qu'à accomplir son devoir paternel, le flic de bas étage bien trop intelligent pour son post, ...
C'est donc une franche réussite si l'on en reste à ce point de vue pour D. Cianfrance.
Cependant, à jouer autant avec le rythme d'une histoire, il y a des hauts et des bas même si l'on peut considérer qu'il s'en sort plutôt bien.

Du côté des acteurs, pas grand chose à en redire. L'habit du mec monotone, violent mais ayant un bon fond va parfaitement bien à notre cher R. Gosling depuis "Drive" et à l'instar de quelques personnes sur ce site, je n'ai pas l'impression qu'il se cantonne maintenant au même rôle: regardez donc Blue Valentines et Crazy Stupid Love par exemple. Il reste un acteur polyvalent même si quelques fois ces rôles se ressemblent. Sa mort prématurée laisse un goût amer dans la bouche même si j'imagine que je ne suis pas le seul à avoir poussé un soupir de soulagement quand j'ai su que je n'aurais plus à supporter ses tatouages volontairement laids et son tee shirt déchiré, large et à l'envers. Son personnage reste attachant dans son envie d'être un bon père et effrayant dans son impulsivité et imprévisibilité. Et c'est tout au long du 1er chapitre que l'on a le plaisir de le voir s'ouvrir un peu plus, tout en sombrant dans l'illégalité, pour aider son fils.
Ce dernier fait donc figure d'anti-héros, violent mais attachant.

C'est là qu'intervient Bradley Cooper, bien moins attirant sans sa barbe de 3 jours mais toujours aussi convaincant quand il s'agit de jouer un rôle où il se fout dans la merde jusqu'au cou après avoir pourtant eu une chance monstre (avant d'en ressortir), on pense notamment à "Limitless". Ce dernier instigue un nouveau souffle au film, on est attendri par le personnage de R.G pendant 1 heure jusqu'à ce qu'il le tue bêtement sous l'emprise de l'adrénaline.
Cianfrance nous fait rapidement détester ce personnage qui va mentir pour sauver sa peau mais qui va rapidement se rattraper en faisant tomber ses amis et flics ripoux. On voit le personnage évoluer, prendre conscience de ses actes et regretter la mort du bandit à la moto mais au final il reste toujours un parfait "enculé" car tout ce qu'il fera, il le mettra au profit de sa carrière professionnel et ce, même par chance quand il sera presque tué.
On a donc là un nouvel anti-héros mais différent, plus réfléchis et beaucoup plus chanceux que le premier, mais aussi égoïste et assoiffé par sa réussite.

La partie qui reste la plus intéressante et surprenante reste la 3è. On nous plonge 15 ans plus tard, le film se centre sur les deux enfants des anti-héros qui finiront par se connaître et s'apprécier un très court instant.
L'un est privé de son vrai père mais bénéficie de l'amour de son beau père et de sa mère.
L'autre subit mal la séparation de ses parents et tente de se faire remarquer par son père absorber par sa carrière.
C'est là l'un des côté intéressant de cette 3è partie, aucun de ces deux protagonistes n'est heureux alors que l'un vie dans l'amour, l'autre sur l'argent de son père en bon fils à papa. C'est donc deux classes différentes qui nous pondent au final, deux personnages quasi identique bien que l'un soit plus assuré que l'autre.

A travers son film, Cianfrance nous fait détester et aimer ses personnages. Certains commencent en s'attirant les foudres du public pour ensuite se repentir et l'attendrir. Pour d'autres, c'est l'inverse. Au final on ne veut la mort d'aucun, et c'est là que l'on peut être déçu: la mort prématurée de Gosling empêche beaucoup de choses.
Mais elle en permet aussi d'autres, sans ça, nous n'aurions pas eu notre moitié fin de "Happy hending" avec la nomination de Procureur Général de l'ancien flic sans talent avec le sourire forcé de son fils et l'autre moitié fin "dramatique" avec le départ sur la route du second fils resté seul à nouveau, partant seul, sur les traces de ce qu'il sait de son père.
La filiation est donc le thème poignant de se film, à travers l'amour paternel donné de deux façons différentes. Un père qui vendra son âme au diable pour le bien de son fils mais qui échouera et, un père absorbé par sa réussite personnelle mais qui nous montrera, une fois une arme pointée sur lui, qu'il ferait lui aussi n'importe quoi pour son fils bien qu'il n'ait fait que le rejeter par le passé.
Une franche réussite, bien meilleure que "Blue Valentine" à mon avis.
Luciano
8
Écrit par

Créée

le 29 mars 2013

Critique lue 358 fois

Loïc Collin

Écrit par

Critique lue 358 fois

D'autres avis sur The Place Beyond the Pines

The Place Beyond the Pines
Gand-Alf
8

Au nom du père.

C'est con comme un mauvais résumé peut vous faire passer à côté d'un bon film. A sa sortie, les journaux avaient plus ou moins vendu le nouveau film de Derek Cianfrance comme un "Drive" à moto,...

le 12 sept. 2013

90 j'aime

2

The Place Beyond the Pines
cloneweb
4

Critique de The Place Beyond the Pines par cloneweb

Un an avant la sortie de Drive, le réalisateur et scénariste Derek Cianfrance faisant tourner Ryan Gosling face à Michelle Williams dans Blue Valentine, film que Jean-Victor décrivait à l'époque...

le 14 mars 2013

61 j'aime

6

The Place Beyond the Pines
SanFelice
7

Pères sévères

Je continue mon exploration du cinéma de 2013, en profitant pour combler mes lacunes du moment. Après des films plutôt décevants, me voici donc lancé à la conquête de The Place beyond the pines. Au...

le 21 nov. 2013

56 j'aime

1

Du même critique

Happiness Therapy
Luciano
7

Un film qui allie cliché et originalité

Un film qu'on pourrait penser banal: une homme et une femme qui s'aiment dès leur première rencontre mais qui vont s'en faire baver du début à la fin avant de se trouver, enfin. C'est d'ailleurs une...

le 7 mars 2013

Revolution
Luciano
3

Un bon synopsis, un résultat qui fait pâlir

A ceux qui parlent de "série à méga budget" évitez d'y ajouter "The Walking Dead", je vous signale que cette série est diffusée sur une petite chaîne câblée bien content quand elle atteint les 2...

le 7 mars 2013