The Player
7.3
The Player

Film de Robert Altman (1992)

La satire est un élément central de l’écriture de Robert Altman ; après s’être attaqué à la politique, l’armée, les élites sociales et avant de traiter d’une ville entière dans Short Cuts (dont la production était déjà lancée, mais qui fut finalement tourné après et grâce au succès de The Player), il est de bon ton qu’il traite d’un sujet qu’il connait bien mieux que les autres, à savoir le cinéma lui-même.


The Player, c’est le miroir sarcastique de l’industrie hollywoodienne, une incursion dans les coulisses d’une usine où les mondanités le disputent au cynisme, et où toute la créativité est indexée sur le profit, sous le diktat stérile de l’air du temps. Les années 90 naissantes sont ainsi brocardées dans une atmosphère qui ne semble pas avoir beaucoup changé depuis, mais qui marque clairement le pas par rapport à la fébrilité qu’a connu Altman à ses débuts, durant cette période fertile et un peu dingue du Nouvel Hollywood où l’on osait financer l’audace.
Désormais, les studios ne se différencient guère des compagnies des grands centres de la finance, et le protagoniste, un Tim Robbins décidément bien à l’aise avec les personnages de raclure (voir le flic qu’il interprétera dans Short Cuts l’année suivante), promène sa morgue dans les bureaux aseptisés et climatisés où l’on pitche à tour de bras les inepties les plus loufoques.


Le matériau cinématographique est évidemment omniprésent : ce sont des références à la pelle, dès le virtuose plan séquence augural qui frôle les dix minutes et durant lequel on mentionne La Soif du mal, une floppée de caméos des stars du moment qui n’hésitent pas à jouer dans l’autodérision (notamment le duo Julia RobertsBruce Willis, qui propose une version aseptisée au possible d’un film sur la peine de mort), et une série d’affiches de grands classiques qui, en permanence, commentent l’action du premier plan.


Le plaisir de l’accès sardonique aux coulisses l’emporte clairement sur une intrigue qui joue des codes du film noir pour souligner un peu grossièrement la parenté entre un producteur et un tueur, tandis que l’esthétique des lumières rouges renforce de manière un peu trop appuyée la symbolique du mal en action. Quelques décrochages renouent par moments avec le goût de l’insolite des débuts de carrière d’Altman, que ce soit dans une scène de sexe assez étrange, et un interrogatoire dans un commissariat qui dérape. Autant de contrastes révélateurs par rapport à la surface rutilante qui reste la référence, à la faveur d’un dénouement aussi solaire qu’immoral, coda sans équivoque d’un regard acerbe sur l’usine à rêves.

Créée

le 1 juil. 2021

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Sergent_Pepper

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