Sunset Boulevard
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Robert Altman signe un bel hommage aux films noirs, dont l'intrigue policière, qui s'apparente à un macguffin, sert surtout de prétexte à esquisser un portrait au vitriol du milieu des studios de cinéma.
On suit en effet Griffin Mill, un responsable de production (incarné par un excellent Tim Robbins) qui reçoit des lettres de menaces de mort, à un moment où des rumeurs de licenciement se multiplient sur son compte. Déstabilisé, il tente de remonter la piste de ce corbeau, visiblement un scénariste avec qui Mill se serait mal conduit...
Le réalisateur américain règle visiblement ses comptes avec l'industrie hollywoodienne, dépeinte comme une usine à rêves mercantile et sans scrupule, dont les méthodes de fonctionnement laissent pantois. Ainsi, un chargé de production (joué par Peter Gallagher) propose le plus sérieusement du monde de supprimer les auteurs de la chaîne de fabrication d'un film, en leur substituant de simples faits divers trouvés dans les journaux, qui constitueraient d'aussi bonnes histoires à moindre coût.
"The player" est avant tout un plaisir de cinéphile, puisqu'en plus du contexte des studios et des diverses références ou anecdotes sur le milieu du cinéma, on remarquera la présence de nombreuses stars hollywoodiennes venues faire une brève apparition dans le film, soit pour y jouer un petit rôle (Whoopi Goldberg, Sidney Pollack), soit pour y effectuer un simple cameo (Bruce Willis, Julia Roberts, John Cusack, Susan Sarandon...).
Une cinquantaine de vedettes plus ou moins connues du grand public défilent ainsi sous nos yeux, un peu comme dans "Prêt à porter", le film suivant de Robert Altman, situé cette fois dans le milieu de la mode.
"The player" s'ouvre sur un plan-séquence inaugural de plusieurs minutes (et sur une allusion à celui de "Touch of evil"), qui présente avec une élégance et une efficacité remarquable le cadre et les divers protagonistes du récit.
Plus généralement, le style et la direction d'acteurs d'Altman sont aisément reconnaissables. On retrouve notamment le procédé de l'overlapping (plusieurs conversations superposées) cher au réalisateur américain, ainsi qu'une certaine place laissée à l'improvisation.
On relève en outre quelques belles idées de mise en scène, à l'image des inquiétantes affiches de films qui se succèdent à l'écran et délivrent un message mortifère, ou de l'atypique scène de sexe au cours de laquelle la caméra restera fixée sur les visages.
En revanche, avec un tel soin accordé à l'arrière-plan, on regrettera qu'Altman n'ait pas davantage travaillé le scénario, prenant visiblement un malin plaisir à traiter son polar par dessus la jambe (erreur sur le maître-chanteur, policiers grotesques, happy end étrange sans véritable résolution...).
Les fans du bonhomme trouveront peut-être cette attitude irrévérencieuse bienvenue, les autres seront en droit de tiquer devant tant de désinvolture.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Bruce Willis, Les meilleurs films avec John Cusack, Les meilleurs films avec Susan Sarandon, Les meilleurs films avec Tim Robbins et Les meilleurs films avec Julia Roberts
Créée
le 23 janv. 2016
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