Bon. Déjà le méchant s’appelle Amar Kamil (Vincent Regan). Oui. Presque comme l’acteur. Et c’est très drôle et très perturbant. Ceci étant posé, il faut bien l’avouer, pour suivre Point Men, quand-même, il faut s’accrocher, non pas que l’intrigue soit complexe, mais parce que tout est à la fois douloureux et tout en mollesse... et le montage n’aide pas.
Tandis que les membres de son unité d’élite se font mollement décalquer, Tony Eckhart (Christophe Lambert) mène mollement l’enquête, prend le temps de sauver mollement des gosses alors qu’il se fait flinguer parce que c’est ce que les vrais héros font et fait des cercles parfaits dans des vitres avec sa bague et porte douloureusement une fausse moustache qui rebique parce que c’est ce que font les agents secrets (désavoués ou non). Il ne se passe pas grand chose.
Et quand il se passe quelque chose, c’est tout de suite illisible, brouillon et un peu con. Ça peut être rigolo comme lors de l’assassinat de Benni Baum (Donald Sumpter) de plusieurs coups de couteau dont la lame ressort systématiquement immaculée ou cette curieuse scène de libération de George Masoud (Oliver Haden) en mode « prends mon flingue, tu peux avoir confiance en moi, travaillons ensemble, il est pas chargé, hin hin hin » en plein désert... mais c’est rare. Très rare. Et le fait que la partition de Gast Waltzing, qui contrairement à à peu près tout le monde dans le film, lâââââche tout ce qu’il peut dès qu’il en a l’occasion accentue l’étrangeté bancale (et molle) de l’ensemble.
La VF est au diapason, hormis deux moments de grandeur, le premier lorsque Tony, tiraillé entre vie personnelle et professionnelle, se querelle avec sa copine, espionne elle aussi ; le second, une séquence de drague sur fond de recette de moussaka entre Amar Kamil et Francie Koln (Maryam d’Abo) auxquels s’ajoutent quelques répliques bien senties du type « Saleté de nazi tu me donnes envie de vomir, je vais aller me laver tiens » d’une voix de titi parisienne par une prostituée, tout n’est que marmonnement et tranquillité. Il manque toujours quelque chose... La voix de Tof, certes, qui semble n’avoir pas participé au doublage (mais qu’à cela ne tienne, son personnage est du genre à rire quand-même beaucoup) mais pas que.
Le fait est que le film frise régulièrement le nanar sans jamais tomber vraiment dedans, s’agrippant désespérément à une dignité illusoire essayant péniblement d’articuler les mots « tue » et « moi »...
Mise à jour : étant donné qu’on vit décidément dans un monde plein de surprises, je vous conseille toutefois de le voir (ne serait-ce que pour ses quelques gourmandises déjà) ET d’enchaîner avec ceci : https://www.youtube.com/watch?v=tleV1vqDSOA. Un double programme magique... voire triple ; il y a de fortes chances que vous ayez envie de vous refaire the Point men dans la foulée.
Jouez au bingo des clichés avec ce film, qui totalise 41 ingrédients
https://www.incredulosvultus.top/the-point-men
Personnage > Agissement
Pique une crise de nerf - Drame | Ferme les paupières d’un·e mort·e - Flic qui enfonce une porte (à coup de pied) - Se regarde dans un miroir | Maquillage, nœud de cravate, etc. - Tension | Échappe in extremis à un danger - Vie de merde | Vomit
Personnage > Citation
S’exclame | « Tu es/vous êtes viré·e ! »
Personnage > Héros ou héroïne
Mis·e à pied ou en congés forcés
Personnage > Méchant·e
Méchant qui a changé de visage grace à une opération de chirurgie
Personnage secondaire
Meute compacte de journalistes - Se sacrifie pour sauver une figure d’autorité
Réalisation
Tamponné·e par une voiture lors d’une poursuite - Course poursuite | Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins - Habillage | Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. - Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite - Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion - Souvenirs | Introduits avec un flash (et un effet sonore)
Réalisation > Accessoire et compagnie
Arme | Clic au lieu du Bang - N’importe quoi | Explosion injustifiée - Pouet-pouet | Déguisement - Tension | Jet de vapeur projetée par un tuyau qui fuit - Voiture qui s’encastre dans un élement type borne d’incendie après que son chauffeur se soit fait flingué
Réalisation > Audio
Bruit exagéré | Les épées/cannes/flèches/lances font woosh/cling - Musique | « Exotique » qui accompagne un contexte vu comme « exotique » - Musique | Rap - Tension | Bruit de battements de cœur
Réalisation > Surprise !
Faux suspense !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Est bourré·e ou drogué·e (gag)
Scénario > Contexte spatio-temporel
Boîte de nuit - Cérémonie d’enterrement / de funérailles (-> corriger les films : cimetière) - Cliché touristique
Scénario > Dialogue
Répliques à la con
Scénario > Élément
Ruse | Meurtre maquillé en suicide - Scène de douche
Scénario > Situation
Agissement | Se recueille sur une tombe/devant un cercueil, etc.) - Détresse médicale | Passages aux urgences
Thème > N’importe quoi
Trop con·ne | Mais oui, vas-y, bien sûr, fais confiance à ce type que tu viens juste de rencontrer.
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Image dégradante | Nunuche - Objectification sexuelle | Nichons, fesses - Objectification sexuelle | Tenues légères
Thème > Testostérone
Méthodes musclées
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais