Prodigies est un film d'animation français, ils ne sont pas légion et c'est donc une des raisons principales qui m'a poussé à aller le voir. La genèse du projet à été plus que chaotique, la critique de cloneweb est très bien pour ça donc je vous engage à la lire, je vais pas en reparler, l'idée principale est que se fut un sacré obstacle.
Finalement, le film n'est qu'une semi réussite, certains trouvent que l'animation est moche et d'autres qu'elle est sublime. Je dirais plutôt que l'on sent qu'elle date un peu mais qu'elle a une certaine originalité. Le style graphique fait évidemment penser à Renaissance et reste vraiment agréable à regarder. Pour les décors, on a un peu l'impression d'être dans mirror's edge mais en beaucoup plus beau. L'aspect esthétique du film m'a vraiment plus dans les scènes d'actions comme dans le chara design, déjà à l'époque Renaissance m'avait plus. Il est évident qu'à la base le projet était très ambitieux et qu'avec beaucoup plus d'argent le film auraient sûrement été nettement meilleur et la durée du film plus longue.
Le principal défaut reste le scénario, je me pose vraiment beaucoup de questions. Par exemple, comment les scénaristes et l'équipe ont pu créer un film aussi bien, en échappant à tous les clichés des films de super héros, pour arriver à un final terriblement téléphoné et tout public ? La fin du film qui laisse le doute sur une suite potentielle fait vraiment peur car si suite il y a, elle sera probablement bien fade pour ne pas dire catastrophique.
N'ayant pas lu le livre je me base sur des spéculations dans la suite de ma critique. Mais il apparaît évident que le film est violent et sombre, tout le monde est d'accord sur ce point. Pourtant, on a le sentiment que le réalisateur s'est limité et n'a pas été jusqu'au-boutiste, ce qui aurait sûrement donné naissance à un chef d'œuvre de l'animation.
Le film se base effectivement sur une scène de viol, vécut en direct, ce qui est déjà très violent. Mais je me suis rendu compte que quand Jimbo va voir sa sœur pour se disputer avec elle sur l'étouffement de l'affaire, il lui fait remarquer que ce n'était pas un accident de voiture, et lui dit que c'était une agression dans central Park. Ce que je veux dire c'est que le terme « viol » n'est jamais utilisé dans le film, alors que l'on assiste au viol d'un fille de 14 ans tout de même. Je crois que si la violence visuelle est bien présente comme l'atteste les massacres en tout genre, le côté vraiment glauque n'est pas si exploré que ça. Je trouve que les dialogues auraient pu être plus violents sans être forcement plus trash mais en étant plus subtiles que de juste montrer des morts à l'écran.
Je crois que comme la fin casse totalement avec l'ambiance glauque du film, les réalisateurs ont du être limité par la production qui voulait une œuvre tout public et accessible, même si l'auteur était d'accord avec tous les choix artistiques. Je ne pense pas que les scénaristes aient eu une liberté artistique totale. Le problème budgétaire est visible sur la durée du film, 97 minutes, c'est beaucoup trop court pour aborder une telle histoire et autant de personnages. On a le sentiment de survoler la trame principale et on ne s'attache pas tant que ça aux personnages. Le rôle de l'enfant obèse ne sert pas à grand-chose, je ne crois pas qu'on le voit parler même une fois.
Au final, il y a vraiment de bonnes idées de mises en scène et le scénario n'est pas si mal jusqu'au final qui hélas rentrait bien dans le standard du film de super héros où tout fini bien. La preuve avec les dernières images où l'on nous montre les futurs gentils et les futurs méchants. (L'ombre des x-men plane sur cette fin.)
Bref, même si l'on a beaucoup de choses à redire sur le scénario, l'ensemble du film reste plutôt pas mal et un bon divertissement. Je préfère laisser le bénéfice du doute aux scénaristes, en me disant que leur liberté artistique est bridée plutôt qu'inexistante.
Prodigies est comme un enfant mignon qui a fait une grosse bêtise alors qu'il voulait rendre service et qui nous regarde avec des yeux de chiens battus. On veut le disputer mais il a fournit tellement d'effort qu'on y arrive pas. La prochaine sera la bonne.
