Une décharge
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J'ai trouvé ça vraiment chouette à suivre, déjà parce que les dialogues sont souvent bien écrits et portés par des prestations réussies. Mel Gibson joue tout en retenue, glissant parfois quelques cabotinages discrets, quelques tics de jeu comme son regard de ouf, ou lorsqu’il porte son visage au bord de l’explosion de larmes. Il n’est pas aussi impérial que dans The Beaver, mais ça reste nettement plus enthousiasmant que tout ce qu’on a pu voir ces dernières années ! Sean Penn est lui, pour le coup, vraiment impressionnant. Les deux acteurs dominent ainsi largement leurs parties respectives.
Pour le professeur, c’est aussi parce qu’autour de lui, ses collègues, les universitaires ou sa famille peinent à exister ou n’offrent guère d’intêret. A tel point que le film aurait sûrement gagné à isoler plus encore son personnage. Difficile en effet de trouver plus passionnant que les problèmes auxquels fait face le professeur. Les tensions familiales et les intrigues de couloirs d'Oxford n'offrant qu'un piètre contre champ à cette surprenante quête lexicale.
De son côté, Sean Penn bénéficie d'un rôle passionnant. Le mec hanté par les conséquences de ses actes et qui échappe à sa culpabilité en vrillant de ses obsessions morbides à une obsession encyclopédique. Porté par l’acteur et des dialogues réussis, ce personnage est, pour moi, la grande réussite du film. Etrangement, sa relation avec la veuve et le docteur offrent au film sa véritable structure et volent souvent la vedette à l’intrigue tournant autour de la réalisation du dictionnaire et de ses liens avec le professeur. La présence d'Eddie Marsan (génial de bout en bout, qu’il parle, ou qu’il se taise) tend à rendre également encore plus intéressant tout ce qui se passe dans cette cellule.
Le film pêche par contre par une mise en scène très illustrative et une gestion guère originale de ses décors... Passant continuellement d'un environnement à l'autre, oscillant entre le monde du prof et celui du fou, le film ne semble rien faire de ces lieux qui n'apportent rien à l'intrigue, et qui finissent par devenir répétitifs... trahissant finalement un certain manque d'ampleur. C'est dommage car l'enfermement des deux personnages, l'un dans son dictionnaire et sa cabane, l'autre dans sa cellule étaient franchement cinématographique.
Ce sentiment de répétition nous donne également l’impression d’une stagnation temporelle. Le temps qui passe n’étant illustré que par l’évolution de la barbe de Penn. A part ça, rien n’est fait pour qu’on comprenne sur combien de temps le film se déroule. De là, c’est difficile de prendre la juste mesure de l’amitié et des liens qui se tissent entre les personnages. Dans la réalité, la contribution du « madman » court sur une vingtaine d’années. Le plus gros échec du film est d’avoir échoué à nous le faire ressentir.
Bref, The Professor & The Madman est un film un peu atypique qui raconte une histoire étonnante et qui reste franchement sympathique, malgré ses limites et la timidité avec laquelle il embrasse ses thèmes et ses personnages.
Créée
le 29 juin 2019
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