« What fresh hell is this ? » Déplore Ray Winston dès l’ouverture du film, et c’est bien dans un enfer nouveau que John Hillcoat nous plonge cette fois. The proposition est un western plutôt classique sur le papier – Un hors la loi doit livrer son frère aîné, chef de bande, pour sauver le cadet de la potence. Mais c’est dans sa réalisation qu’il se démarque, livrant une œuvre personnelle et significative. On ne peut qu’être époustouflé par les grands espaces australiens, par ces personnages errants, hésitants, perdus sur cette terre désolée. On sent la chaleur écrasante, les odeurs, la crasse, les mouches. Les dents sont pourries, les visages sont marqués et les yeux sont las, à tel point que l’on sait intimement que le personnage du Capitaine Stanley ne pourra jamais « civiliser cet endroit » comme il promet de le faire.
Mais malgré sa violence inhérente, le film est empreint d’une poésie mélancolique et sombre, marqué d’une étrangeté façonnée à la fois par la mise en scène aérienne, par les plans sublimes de Hillcoat mais aussi –et surtout – par la musique inquiétante de son acolyte et scénariste Nick Cave. Ses mélodies éthérées, ses comptines étranges chuchotées ne tardent pas à hanter le film et le spectateur.
Une fois le film visionné, on réalise que ce n’est pas un wetern lambda que l’on vient de regarder. Hillcoat ne cherche pas l’action, ni l’héroïsme, il nous montre simplement des hommes que l’ont a abandonné là, des hommes devenus animaux. Et lorsque John Hurt, complètement soul, affirme qu’ « ils sont des hommes, pas des bêtes », tout semble pourtant prouver le contraire, on ira même jusqu’à dire de l’un des personnages qu’il a subit une véritable transformation, que sa solitude et son isolement l’ont changé en chien, en bête. On gardera donc du film un arrière gout étrange dont il est difficile de se débarrasser, et une réflexion à la fois brut et poétique sur la nature de l’homme.