Les frères Cohen nous ont habitué à l’excellence, mais quel film que ce No Country for old man. L’histoire – adaptée du livre éponyme du grand Cormac McCarthy - et les situations sont (sans surprise) d’une grande justesse et toujours aussi jouissives. Mais il y a quelque chose de plus dans ce film, une ampleur que n’ont pas toujours les film des Cohen. Tout en sobriété et en tension, le film gonfle, monte en puissance sous nos yeux terrifiés mais fascinés. La menace elle, est bien là. D’abord elle plane, invisible, pourtant présente dans chaque plan de cette Amérique profonde, de cet Amérique du bouseux, du « red neck ». Puis elle nous apparait dans toute son insensibilité et sa brutalité. Cette menace à la coiffure pourtant bien ridicule, fait froid dans le dos tant elle est omnipotente et inarrêtable. Le jeu des acteurs est bluffant et les dialogues savoureux, mais ce qui rend le film aussi percutant, est leur choix de montrer ou de dissimuler les éléments les plus important. Alors que la mise en scène semble s’attacher à un personnage, le mettre en avant, elle ne tarde pas à nous rappeler qu’elle ne les sauvera pas pour autant, qu’ils sont tous encrés dans la même réalité impitoyable. Nous sortons ébranlé, secoué, incertain de cette séance qui ne nous a pas lâcher un seul instant, pas accordé le moindre répit. Les Cohen touchent aux limites de la violence – plus ou moins dissimulé – dans sa forme la plus brutale, incongrue et épurée. Il nous rappelle que nous n’avons aucune prise sur elle, car elle ne connaît pas de règles.