Donnie Yen a toujours eu un énorme melon et s'il est désormais reconnu comme un des plus grands acteurs martiaux de tous les temps, à 61 ans, il cherche toujours la prestation qui lui permettra de trouver une reconnaissance en tant qu'acteur dramatique. Ça a abouti notamment à la catastrophique prestation dans Chasing the Dragon où il était en roue libre complet.
Sur le papier, The Prosecutor était le vecteur parfait : une histoire de procès basée sur des faits réels avec quand même quelques combats pour attirer son public cible.
Le problème c'est que Donnie réalise donc forcément il se donne le (très, trop) beau rôle et nous sert la caricature de son personnage de flic vertueux et incorruptible poussé à l'extrême dont la matrice était déjà présente dans Raging Fire.
Il y a pas mal de moments assez ridicules et cringes à cause ça, d'autant plus que le film n'hésite pas lui-même à insérer quelques moments de comédie (volontaire cette fois) tout en essayant sérieusement d'aborder les conséquences de la corruption pour les citoyens les plus pauvres de Hong Kong.
La partie juridique, censée être au cœur du film, manque d’impact à cause d’un scénario bancal qui ne parvient pas à équilibrer tension dramatique et réalisme judiciaire. Les dialogues trop appuyés et un excès de grandiloquence font perdre en crédibilité.
Heureusement tout n'est pas à jeter, le film est 100% HK et ça se voit dans son casting où on retrouve avec plaisir des gueules qui ont fait les beaux jours du ciné HK : Kent Cheng, Ray Lui, Mark Cheng, Francis Ng, Michael Hui... Même si l'importance du personnage de Donnie Yen fait que les antagonistes restent génériques et sans grande envergure, affaiblissant encore l’impact dramatique du récit.
Et puis il y a l'action, les combats sont percutants et dynamiques, même si l’âge de Donnie commence à se ressentir. Loin de renier son âge, il adapte son style, troquant les acrobaties de ses jeunes années pour une brutalité plus ancrée dans le réel.
Il y a de vraies bonnes idées aux niveaux de la réalisation et des chorégraphies, notamment dans l'intro et le final, qui s'adaptent à l'âge de Donnie qui ne peut plus faire de longs échanges en 1 vs 1 comme dans Flashpoint et qui utilise beaucoup de doubleurs pour tout ce qui est mouvement acrobatique ou pour les impacts, chose compréhensible à son âge.
Au final, The Prosecutor peine à trouver son équilibre entre thriller judiciaire au scénario maladroit et action survoltée. C'est dommage que l’intrigue judiciaire, pourtant centrale, manque de profondeur et semble plus être un prétexte pour justifier les moments d’action que l’inverse.