Excellent téléfilm

Il ne s’agit pas d’un film réalisé pour le cinéma mais d’un film de 1998 réalisé pour la chaîne HBO, souvent à l’origine de très bons programmes. Et il faut avouer qu’il est vraiment réussi, nous racontant l’histoire de cette bande de vedettes de la chanson et du cinéma américains, menée par Sinatra avec ses potes Dean Martin, Sammy Davis Jr, Joey Bishop et Peter Lawford. On nous les montre côté scène avec des spectacles qui étaient avant tout un moyen de faire la fête toute la nuit à Las Vegas, excès compris mais aussi côté coulisses et là, c’est bien plus intéressant car moins connu. Même si on connaît leurs performances souvent drôles, les coulisses l’étaient moins, en particulier les liens étroits de Sinatra avec les grands chefs de la mafia italo-américaine qu’il a toujours nié, les relations très compliquées avec les frères Kennedy (Sinatra ayant soutenu John Fitzgerald lors de la compagne de 1960 avant d’être lâché une fois élu, sous la pression de son frère Robert), un racisme encore bien présent dans la société états-unienne de ces années-là qui poussera d’ailleurs un peu plus tard Sammy Davis à participer au mouvement des droits civiques mené par Martin Luther King…C’est passionnant mais il s’agit quand même d’une reconstitution (très plausible) pas d’un documentaire historique. Surtout, l’atout principal de ce film est son casting plus que sa réalisation un peu passe-partout signée Rob Cohen (qui ira ensuite réalisé des blockbusters très médiocres dont « Fast and furious »…): Ray Liotta est excellent en Sinatra, Don Cheadle très touchant en Sammy Davis qui refuse d’être sur scène le souffre-douleur de ses compagnons et par-dessus tout un Joe Mantegna impérial (je pèse mes mots) en un Dean Martin plus vrai que nature ! Incroyable, il tenait peut-être là son meilleur rôle, Ray Liotta aussi d’ailleurs. Aucun de ces acteurs n’est dans l’imitation de son légendaire modèle, ce qui n’aurait aucun intérêt mais l’incarne à la perfection, y compris dans leurs défauts (les colères furieuses de Sinatra, l’alcoolisme notoire de Dean Martin…). On se dit qu'au cinéma, avec des moyens plus importants et un Scorcese aux commandes, on aurait pu avoir un chef d'oeuvre. Un très bon téléfilm, qui dépasse le simple cadre artistique pour aborder des questions politiques et sociales. Ça n’est pas si fréquent, je le recommande.