The Reckoning
The Reckoning

Film de Jack Gold (1970)

la vengeance de l'Irlandais ondulé (de Liverpool)

Comme Get Carter, qu'il précède d'une paire d'années, ce "règlement de comptes" présente un dur à cuire retournant dans sa province pour exercer une vengeance expéditive. Mais ce film-ci est une étude de caractère poussive, pas un film noir.


Le dur incriminé, quoique pourriture de belle facture, ressent des remords à la mort de son daron : en devenant un col blanc à la solde des industriels anglais, n'a-t-il pas trahi en vrac, sa classe, ses origines irlandaises, sa religion et son folklore ? Après avoir entonné un chant traditionnel évoquant les joyeusetés du séjour en prison d'un membre de l'IRA, il se lance au bout d'1h30 sur le sentier de la guerre, pour venger son père mort après un passage à tabac par des jeunes gens en colère, ce qui ne concerne guère la police britonne.


Peut-être était-il audacieux de prendre pour personnage principal un phallocrate sans scrupules travaillant dans la branche commerciale d'une entreprise londonienne, et de nous le présenter illico presto comme violant quasiment sa femme qui ne demande que ça pour prendre son pied. Ce bel exemplaire de rouquin ondulé viril fascine le "beau" sexe, et sait prendre la justice entre ses mains, quand il ne résout pas les problèmes professionnels de collègues louvoyants.
Un maître homme.

Excusez je m'emporte.


On a donc un personnage contrasté, et rejeté par un père qui n'approuvait pas son choix de vie de prédateur à la solde de l'Anglais. Papa dont il évoque avec nostalgie les méthodes éducatives consistant à entonner un chant traditionnel après lui avoir administré une raclée. La mise en scène semble approuver la violence sentimentaliste comme modus vivendi, puisqu'à chaque promenade du héros dans les rues de Liverpool, la bande sonore elle aussi entonne un larmoyant chant du bon vieux temps, épousant la nostalgie fière de notre héros.
Oui, ça fait beaucoup de chanson irlandaise de Liverpool tout ça (trop pour votre serviteur), et c'est pas un film des Beatles.


En somme, contrairement au médiocre Jack Gold, Mike Hodges saura avec "Get Carter" éviter les considérations psychologiques et la culpabilité catho, pour nous offrir de l'action sans bullshit sur une b.o. funky - pas les minauderies d'un macho qui chiale et récite la messe sur le cadavre de son père (mais Hodges tombera dans le panneau 15 ans plus tard).
Les irlandais bagarreurs et les italiens mafieux qui sortent les violons, ça me hérisse mon beau poil lisse.

A la fin, notre héros emprunte sur les chapeaux de roue une route transformée en voie unique par des travaux, sa compagne reconquise à son côté. "If I can pull this, I can do anything" - et dieu est de son côté. Plus rien ne l'arrêtera.
Avec une conclusion pareille, ça devient une satire. Il manque à ce film une vision cohérente. Il aurait fallu réécrire un peu ça avant de nous le balancer. C'est n'importe quoi élève Ducobu.


Morale de l'histoire :
L'industrialisme marchand oui, mais à condition de toujours respecter les aînés.
Revanche sociale et vengeance tribale font bon ménage.
Le monde appartient aux go-getters.

ChatonMarmot
10
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le 1 oct. 2017

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