Voila donc Rippy le zombie-roo, aka « The Red », soit en français « Le Roux », j’espère que si y’a une version française du film, ils choisiront ce titre. Le Roux, donc, nous raconte l’histoire pas banale - il faut le dire de suite, parce que c’est pas les compliments qui vont m’étouffer ici encore – d’une petite poignée de personnages qui tentent de résister aux attaques d’un kangourou géant zombifié. Eh oui, on n'est à l'abri de rien. Ce concept, assez idiot (qui rappelle un peu le Hurlement avec ses kangourou-garous), va osciller entre un portninwak qui blague pas et une approche sérieuse assez ridicule. L’héroïne, une fliquette (Sarah Rosenthal, sympa, et sosie australien de Jennifer Carpenter) est secondée par trois personnages : Un vieux clochard vétéran du Vietnam (interprété avec abnégation par un Michael Biehn étonnamment motivé, occupant l’écran de bout en bout), un chef de chantier taciturne, un rôle (bien) tenu par l’excellent – et trop rare - Aaron Pedersen (le flic aborigène de la saga Mystery Road) et une tenancière de bar fatiguée jouée par Angie Milliken (est-elle de la famille de Robert Milliken, célèbre critique du Sydney Morning Herald décédé l’année dernière ? J’en sais rien du tout). Notons également la présence d’un bon chien, un kelpie nommé Hero qui joue comme une patate. Notons en passant que le générique de fin nous apprend que Hero a une doublure cascade nommé Dodge, à ce sujet, je n'ai aucun souvenir que le clébard fasse quoique ce soit d'autre que se promener tranquilou dans la forêt et regarder dans la mauvaise direction... Alors si l’édition bluray collector qu’Umbrella ne manquera pas de tenter de nous fourguer propose un module dédié aux cascades du chien et à la relation que Hero peut entretenir avec Dodge, promis je sors le portefeuille ! Le reste est composé d’une poignée de figurants, visiblement la famille et les amis du réalisateur Ryan Coonan. On saluera leur dévouement, ils sont concentrés et font visiblement ce qu’on leur a demandé sans trop poser de question, et je pense que ça n’a pas toujours été facile de faire semblant de se battre avec un gros roo zombie numérique.
L’intrigue est sans surprise mais je ne m’attendais quand même pas à ce que le climax soit aussi nul. Un dernier twist inutile nous vendra, in fine, la possibilité d’une suite, ce qui restera comme la menace la plus crédible du film. Alors, je ne dis pas que refaire les Dents de la mer dans un trou paumé du Queensland en remplaçant le gros poisson cartilagineux par un gros roo mutant était, en soi, une mauvaise idée, et je salue même l’ambition du projet et la bonne idée d’avoir réussi à motiver Biehn et Pedersen d'y participer (à moins que ce ne soit le fruit d’un chantage, je ne suis pas au jus de l’histoire de la prod), mais faut être honnête, et savoir dire les choses : Le résultat est pas top.
Je noterai quand même quelque chose d’assez amusant, personne, dans le film, ne semble vraiment surpris d’être attaqué par un marsupial géant zombifié qui mugit avec une telle férocité. Le clochard et la barmaid, après avoir découvert un paquet de cadavres atrocement mutilés par une bête abominable qui refuse de mourir et qui n’a normalement strictement rien à foutre ici, même dans le Queensland, alors qu’il fait nuit, et qu’ils sont traqués et menacés, décident de s’en jeter un en rigolant du temps passé et de la douceur de vivre dans cet endroit pourtant guère glamour. Une approche qui témoigne assez bien, finalement, de la résilience de ces populations que l’isolement, l’ennui et l’alcool de bananes bouillies a rendu complètement blasé face aux terrifiantes excentricités d’une nature rendue folle par une époque qui va, décidément, trop loin.