Mihai Grecu signe en 2015 un documentaire expérimental fabuleux. Neuf courtes minutes à couper le souffle. "Dans la capitale la plus secrète du monde, la foule assiste à un spectacle alors qu'une catastrophe menace d'anéantir la ville..."
Pyongyang, cité la plus hermétique au monde, voici donc le terrain de jeu de Mihai Grecu. Ce court métrage interroge le monde actuel à travers la confrontation d'images réelles et d'effets spéciaux numériques. Le réalisateur s’attaque au régime nord-coréen en travaillant autour d'une représentation inédite de Pyongyang. Au delà des enjeux géopolitiques, la beauté photographique des images nous saisit en plein vol ! Des captations souvent architecturales et silencieuses, qui évoquent des allégories sculptées et empruntes de mélancolie. Les symboles de propagande s'étouffent et se meurent au milieu des eaux. En regard à cette forte identité du pays qu'est la Corée du Nord, les flots se mettent à envahir l'espace urbain, engloutissant les immeubles et les rues. C'est une culture tout entière qui se dresse face à nous et qui s'effondre dans le silence. Le reflet d'une noyade dans la solitude et la marginalité, la condition d'un territoire tout entier, un destin tragique.
L'inondation dévastatrice est orchestrée avec grand soin, tapissant alors l'espace de la ville, exorcisant le pouvoir en place. Le réalisateur évite l’écueil d’un discours trop frontal, qui serait apparu comme trop simpliste, en creusant plutôt des symboliques inhérentes à l’élément aquatique, véritable miroir déformant de la "grande vérité" prônée par le régime nord-coréen. L'eau devient une entité sauvage, destructrice et purificatrice. Elle agit comme un deus ex machina qui épure et rétablit une certaine forme de suprématie qui est propre à la nature. "The Reflection of Power" est une contemplation de la catastrophe fictive, lourde de poésie et de sens.