Il est toujours intéressant de voir un acteur passer de l’autre côté de la caméra pour devenir réalisateur. Et même si Dave Franco n’est pas un très bon acteur, le regard qu’il porte sur le cinéma de genre a l’intelligence de se cantonner aux personnages et à leurs interprètes, puisque The Rental se construit tout entier comme un huis clos dans une villa de rêve à flanc de falaise qui agit à la manière d’un tribunal de la cellule conjugale soumise à la tentation de l’adultère. Aussi son film commence-t-il par intriguer en posant un cadre avec lenteur et précision ; néanmoins, l’attachement qu’il porte à des personnages somme toute sommaires tourne vite en rond, devient une finalité qui se mue en routine voire en dispositif pépère et paresseux.
Pas de vrai suspense, pas de travail sur l’épouvante, aucune appropriation du genre investi, sinon à travers un ensemble de codes qui confèrent au geste artistique de Franco – si tant est qu’il y en ait un – des allures de petit futé qui finissent par agacer tant son film ne l’est justement pas, futé. Tout cela est bien creux, vu et revu, servi par un puritanisme dont on connaît certes le lien essentiel avec le cinéma d’épouvante, mais qui trouve là son expression la moins intéressante parce qu’assise sur des bases instables et évanescentes, à savoir la dénonciation du racisme aux États-Unis, prétexte qui jamais ne prend de l’ampleur. N’est pas Jordan Peele qui veut. The Rental porte donc bien son titre : un film qui loue, emprunte postures, trame narrative et charge politique à des œuvres qui, elles, ont quelque chose à dire et à montrer.