Des choses gentilles à dire sur ce film :
Et c’est quoi cette cape rouge hein ? Pourquoi cette cape rouge ? Vous auriez pas des accointances avec Moscou ? Ne mentez pas ! Voilà comment, après avoir lutté contre l’Allemagne nazie et inspiré des générations de boyscouts, le Capitaine Invincible (Alan Arkin) se retrouve, dans les années 1950, mis au ban d’une société devenue paranoïaque... et pris dans une cuite qui durera des dizaines d’années avant d’être sollicité à nouveau par les autorités les plus hautes afin de contrecarrer les plans de Midnight (Christopher Lee), mégalomane bondien semi nazi qui menace la sécurité du monde libre et qui accessoirement s’exprime en chanson.
Premier film de superhéros australien, The Return of Captain Invincible assimile un héritage superhéroïque et, plus largement pulp (ça lorgne pas mal du côté de l’espionnage), dans ce qu’il a de plus kitsch avec des gadgets du type rayons hypnotiseurs ou lunettes qui provoquent des éclats de rires irrépressibles mais aussi de plus gnangnan en particulier les scènes d’éducation auprès de la jeunesse. On y voit en effet, le Capitaine Invincible auprès des scouts, leur enseignant l’art de faire du feu... mais en frottant un tronc d’arbre contre un autre parce qu’il est super fort.
La scène est typique des publications destinées à la jeunesse des années 1950 où le superhéros était garant des mœurs et de la bonne morale. Ce genre d’épisodes a perduré par la suite mais le premier degré confondant y laissait place à un brin de recul, un peu à la manière de Superman qui sauve un chat avant de voler au secours de Air force one dans le film de Donner. La touche de dérision servant malgré tout à montrer qu’il n’y a pas de petit acte d’héroïsme aux yeux d’un vrai superhéros.
Dans The Return of Captain Invincible, l’hommage à ce type de caractérisation est bien là, mais pas uniquement. Le passage chez les scouts présente tout aussi bien un intérêt narratif puisque c’est ici que se rencontrent le héros et le futur président des États-Unis, qu’il appuie via sa naïveté ++ le contraste entre l’enthousiasme de l’immédiate après-guerre et la désillusion des décennies suivantes ainsi que l’hypocrisie d’un système politique dont tout le monde, héros compris, peut faire les frais.
Toutefois, s’il y a bien un sous texte assez acide dans le film de Mora (raisonnablement car après tout le héros désavoué/traqué est aussi un poncif du genre), The Return of Captain Invincible est avant tout une comédie et l’exagération du tronc d’arbre le situe clairement dans le registre parodique. Les délires régulièrement poussés à l’extrême par la suite préfigurent le Top Secret du trio ZAZ réalisé l’année suivante ou encore la série Danger 5 sortie dans le première moitié des années 2010. La scène du deli derrière le comptoir duquel évolue un agent à la solde de Midnight et ses flingues camouflés en poissons ne dépareillerait pas dans l’un ou dans l’autre. The Return of Captain Invincible et son traitement musical ouvre aussi la voie à Doctor Horrible sing along blog, la comédie musicale superhéroïque de Joss Whedon. Il n’est pas dit que The Return of Captain Invincible ait influencé les uns ou les autres mais il y a clairement une parenté avec tous ces titres qui place le film de Mora, par son antériorité, en figure de proue.
Si le film peut parfois s’avérer un peu longuet ou un peu vieillot, il recèle aussi d’idées sympas et de gags débiles mais bien vus : la satire du maccarthysme et ses procès et motifs d’accusation absurdes, l’utilisation et le détournement d’images d’archives, les pouvoirs magnétiques du héros qui attirent malencontreusement barrettes, flingues, braguettes et boutons de chemisiers, des extraterrestres lubriques et Midnight qui chante autour d’un minibar pour faire céder le vaillant Capitaine Invincible, alcoolique repenti, à l’appel de la gorgée... Une belle petite curiosité qui mérite d’être davantage mise en avant.
Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film
Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/the-return-of-captain-invincible
Ou sinon, je regarde juste les 35 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Personnage > Agissement
Bagarre > Se met à couvert derrière un canapé/une table renversée lors d’une fusillade – Parle dans son sommeil – Se couvre le visage avec les avant-bras avant une collision ou une explosion – Super pouvoir > Ce qui lui a été dit lui revient/reste en tête mot pour mot
Personnage > Caractéristique
Loose > Le/la seul·e a pouvoir résoudre le problème est en prison, a complètement raccroché ou est retiré·e loin du monde – Maladie > Alcoolique
Personnage > Méchant·e
Mégalomane
Réalisation
Habillage > Placement de produits – Intégration d’images d’archives à la narration – Tension > Le silence se fait quand un personnage entre dans une pièce
Réalisation > Accessoire et compagnie
Piège > Trappe dans le sol (pour faire disparaître des gens gênants) – Pouet-pouet > Effet pyrotechnique hasardeux
Réalisation > Audio
Bruit exagéré > Accessoire – Bruit exagéré > Balles qui ricochent contre du métal – Bruit exagéré > Écho – Bruit générique > Son de dessin animé : ressort, clochette, etc. – Musique > Classique – Woosh > mouvement / acrobaties
Réalisation > Surprise !
Sous le coup de la surprise > fait tomber sa clope de la bouche ou laisse tomber un objet
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Accéléré (gag) – Est bourré·e ou drogué·e (gag) – Gag cartoonesque > Louche/fait des moulinets avec la tête en suivant un personnage pris dans un tourbillon/élan de frénésie – Ses aveux sont pris pour une blague/une élucubration – Voix Tic et Tac – Vomi (gag)
Scénario > Contexte spatio-temporel
Cliché touristique
Scénario > Dialogue
Foule en délire
Scénario > Élément
Personnage possédé, personnage hypnotisé, personnage vaaampiriséééé – Toast (trier cling cling cling)
Thème > GI Joe
Personnage > Militaire haut-gradé va-t-en guerre
Thème > N’importe quoi
Accessoire > Gaspillage alimentaire – Stylé > Explication scientifique sans queue ni tête mais pleine de mots compliqués
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Objectification sexuelle > Nichons, fesses – Objectification sexuelle > Reluque une femme – Objectification sexuelle > Tenues légères
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Barème de notation :
1. À gerber
2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
3. On s'est fait grave chier
4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
9. Gros gros plaisir de ciné
10. Je ne m'en lasserais jamais