THE REVENANT (18,1) (Alejandro González Iñárritu, USA, 2016, 156min) :


Un phénoménal western, l'un des plus sauvagement majestueux de l'histoire du cinéma qui nous embarque à l'époque des trappeurs en 1823 dans l'Amérique abrupte du Dakota, peuplé encore de culture indiennes et conte l'aventure hostile et primitive de Hugh Glass grièvement blessé après une attaque animale, laissé pour mort par un traitre de son équipe John Fitzgerald. Alejandro Gonzalez Inarritu se saisit du roman de Michael Punke avec un jusqu'au-boutisme sidérant pour nous offrir un prodigieux "vigilante movie" qu'il a choisi de tourner dans l'ordre chronologique, en décors et en lumières naturelles (ne tournant que quelques heures par jour pour avoir la lumière voulue) ce qui nous offre un spectacle visuel époustouflant. Sa mise en scène hallucinante est tout simplement hors du commun, extraordinairement photographié par le précieux chef opérateur Emmanuel Lubezki. Le cinéaste nous propose un nombre incalculable de plans séquences vertigineux, ébouriffants de fluidité, d'une profondeur de champ et d'une envergure d'image (grâce à la nouvelle caméra Alexa de 65mm) jamais atteinte de cette façon là. Des scènes tout simplement démentes (comme la bataille introductive chorégraphiée de main de maître) et tant d'autres moments d'anthologies et de bravoures accompagnés d'exploits techniques renversants. Le cinéaste s'appuie sur un scénario tiré de faits réels et par le biais de ce survival naturaliste (très inspiré de Terrence Malick) nous montre également la naissance d'un nouveau monde, la dépossession des terres aux indiens et leur désir de repousser ces colonisateurs, nous questionne sur le devenir de cette nature si immaculée avant l'arrivée de civilisation qui détruit et la macule de sang pour finir avec l'opposition entre l'athéisme et le divin dans un poème épique dont les deux héros incarnent parfaitement les deux camps. Car ce taiseux long métrage onirique est littéralement sublimé par l'interprétation hors norme de Leonardo DiCaprio, gigantesque, en homme des bois à l'instinct de survie et de vengeance viscérale, totalement phénoménale, (qui va décrocher l'oscar, en douter serait déjà une injure, une évidence tant il est géant ! ) en Hugh Glass parcourant plus de 300km pour retrouver le raciste, l'ordure John Fitzgerald parfaitement campé par l'impressionnant, le monstrueux et féroce Tom Hardy ! On notera la partition musicale magnifique, précieuse et immersive de Ryuichi Sakamoto 坂本龍一. Michael Cimino nous avait ouvert La Porte du paradis, Alejandro Gonzalez Inarritu nous propose un voyage au bout de l'enfer blanc sans concession ! Venez survivre et combattre avec The Revenant. Magistral, fascinant, macabre, étourdissant, élégiaque, violent et sensationnel ! Un chef d'œuvre exigeant et glacial qui rentre directement dans l'histoire du 7eme art, une expérience de cinéma unique, à couper le souffle...A voir absolument !

seb2046
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2016 et Les meilleurs westerns

Créée

le 22 sept. 2016

Critique lue 246 fois

1 j'aime

seb2046

Écrit par

Critique lue 246 fois

1

D'autres avis sur The Revenant

The Revenant
Fritz_the_Cat
8

Marche funèbre

Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...

le 25 févr. 2016

173 j'aime

41

The Revenant
Peaky
9

Immersion totale.

Passé l’exercice de style, accompli avec un brio rafraîchissant et sans précédent, de Birdman, Inarritu revient avec une œuvre, toute aussi maîtrisée, mais plus complète. Dès l’une des premières...

le 28 déc. 2015

114 j'aime

18

The Revenant
guyness
6

Back to the suture

Il est parfois de grandes énigmes qui se révèlent être de parfaits trompe-l’œil. De face, l'absence d'Oscar pour Leonardo jusqu'à ce film pouvait sembler incompréhensible. Mais en se déplaçant de...

le 29 févr. 2016

102 j'aime

23

Du même critique

Plaire, aimer et courir vite
seb2046
8

Jacques et le garçon formidable...

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE (2018) de Christophe Honoré Cette superbe romance en plein été 93, conte la rencontre entre Arthur, jeune étudiant breton de 22 ans et Jacques, un écrivain parisien qui a...

le 11 mai 2018

36 j'aime

7

Moi, Tonya
seb2046
7

Wounds and cry...

MOI, TONYA (15,3) (Craig Gillespie, USA, 2018, 121min) : Étonnant Biopic narrant le destin tragique de Tonya Harding, patineuse artistique, célèbre pour être la première à avoir fait un triple axel...

le 19 févr. 2018

34 j'aime

2

La Villa
seb2046
7

La nostalgie camarade...

LA VILLA (14,8) (Robert Guédiguian, FRA, 2017, 107min) : Cette délicate chronique chorale aux résonances sociales et politiques narre le destin de 2 frères et une sœur, réunis dans la villa familiale...

le 30 nov. 2017

30 j'aime

4