Ce film est une sorte d’OVNI… Il est tout simplement démentiel. C’est du cinéma comme je l’adore, un grand moment passé devant un film extraordinaire, le genre où il nous faut un moment pour digérer tout ça tellement ce qu’on a vu sort d’un autre monde.


Concrètement, l’histoire est une histoire au finale très classique, bien qu’inspirée de fait réels (et c’est là qu’on réalise que la fiction et la réalité se rejoignent parfois). On retrouve un peu du Western, avec cette idée de vengeance dans l’ouest sauvage américain ; y’a aussi du thriller dans le suspens haletant et tout ce passage « survival » où le personnage principal se révèle être plus difficile à tuer que Superman ; et bien sûr y’a de l’aventure dans ces paysages fantastiques ; et du drame dans le fond. Une histoire avec des ingrédients très simples, mais redoutablement efficace de par comment tout cela s’incorpore, comment l’ambiance créée nous plonge avec les personnages en ce milieu hostile.


Certes, le film met du temps à se mettre en place, il y a des longueurs ; mais franchement, on est tellement plongé dans le film et l’histoire est tellement extraordinaire qu’on oublie très volontiers ses défauts. On se laisse transporter, on se laisse émerveiller. C’est aussi un film bizarre dans le sens où c’est typiquement le genre de film à voir une fois dans sa vie (au cinéma de préférence) ; mais certains passages de l’intrigues, certaines scènes, font appels à tellement de choses qu’on sera au final obligé d’y revenir pour pleinement saisir l’étendue de ce que le film veut nous transmettre.


Bref, une histoire incroyablement dense, puissante, magistrale qui ne nous lâche pas tout de suite une fois terminée. C’est viscéral !


Le casting… En fait, le casting est globalement excellent, mais peut se résumer à 3 acteurs : Domhnall Gleeson, impressionnant de maîtrise ; Will Poulter, transpirant de naïveté et d’innocence ; et Tom Hardy, toujours aussi charismatique, rustique, instinctif… Un trio qui nous propose une prestation incroyablement juste et percutante. Le reste du casting réussit à se mettre au niveau pour donner au final une prestation grandiose. Mais voilà, à côté de tout ça, y’a un extra-terrestre qui écrase les autres sans distinction. Seul Tom Hardy réussit l’improbable exploit de lui faire contrepoids dans son rôle d’antagoniste.


Je parle bien sûr de Leonardo DiCaprio. Difficile de dire si c’est sa meilleure prestation, tellement à chaque fois il nous bluffe. Idem : aura-t-il l’Oscar ? Comme toujours, j’aurais tendance à dire que s’il ne l’a pas là, il ne l’aura jamais. King Leo nous fait part une nouvelle fois d’une prestation au-delà du commun des mortels, complètement transcendé par le film mais transcendant également l’intrigue elle-même… Une sorte de combo-duo qui fait que ce film est si étrange à voir.


Techniquement… Que dire si ce n’est que ce film est un bijou visuel ? Et encore, le mot est faible, si faible, pour décrire toute la maestria. On va commencer par le plus simple : les décors ! Comme je le disais un peu plus haut, ces décors naturels de l’ouest sauvage américain sont d’une beauté à couper le souffle. Magistralement mis en scène et exploités, ils font partis intégrante de l’intrigue, comme un personnage à part en soit. On se surprend à rester connement à contempler ces magnifiques paysages alors que l’intrigue se déroule sous nos yeux en même temps.


On peut également citer les effets spéciaux. Assez discrets, mais plutôt fréquents (notamment dans les animaux, tous numériques à part les chevaux), ils sont exploités avec intelligence et soins. Quant aux effets plus « classiques », ils permettent de créer une atmosphère et un graphisme d’autant plus réaliste et incroyable.


J’en arrive à la musique. Très discrète, on réalise qu’elle monte en fait en puissance au fur et à mesure que l’histoire avance. Dans une touche très sobre et efficace, la musique participe pourtant à créer cette ambiance si oppressante et grandiose de l’intrigue.


Et puis y’a cette mise en scène de folie ! Iñáretu utilise toujours avec autant de brio et d’efficacité le plan-séquence. Cette fois-ci, on en a plusieurs (plus ou moins long), qui sont là pour créer des cadres narratifs d’un chapitre de l’histoire. Ils seront entrecoupés de séquences/scènes plus classiques (même si parfois, on sent que les décors ont fait qu’on ne pouvait pas faire autrement pour le montage) mais également plus grandiose.


Le plan-séquence restera toujours à échelle humaine, au plus près des acteurs, suivant leurs dialogues, leurs combats (cette scène de l’ours… oh my Spielby), comme le ferait un reportage ou un témoin oculaire. Des plans plus larges et plus court serviront à poser les décors, comme les illustrations d’un livre. Le montage permet ainsi une certaine fluidité à la scène, comme lorsqu’on lit un livre, avec un rendu visuel incroyable. Il y a une véritable réflexion sur la structure narrative. À cela s’ajoute une photographie à couper le souffle, avec des lumières naturelles créant un cadre et une atmosphère très particuliers, jouant toujours sur cet aspect « témoins oculaire », qui se trouvera confirmer dans le dernier plan du film, probablement le plus intense… C’est pour dire !


Bref, The Revenant est un OVNI. Un film qu’il faut voir au moins une fois au cinéma (ceux qui en ont la possibilité, allez le voir en IMAX), mais sur lequel il faudra sans doute revenir. Il est d’une incroyable puissance, l’histoire nous prend aux tripes, les acteurs sortent d’un autre monde et il est techniquement presque irréprochable. Iñáretu confirme après Birdman son entrée dans mon panthéon des réalisateurs, en réalisant deux quasi-chefs d’œuvre en 2 ans seulement. Seul le démiurge Spielby avait réussi cet exploit jusqu’alors.

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le 24 janv. 2016

Critique lue 298 fois

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vive_le_ciné

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