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Qui que nous soyons dans la salle, comme ceux qui nous ont précédé, et ceux qui nous succéderons, nous étions venus grâce à la très large promotion du film, aux prouesses techniques d'Inarritu, aux échos de la performance d'acteur de Leonardo di Caprio mais très peu finalement pour son histoire : le récit du périple d'un homme, Glass, laissé pour mort suite à l'attaque d'un grizzly.
A un an de la consécration de Birdman aux Oscars et aux Golden Globes, on aurait pu croire que le réalisateur patienterait quelques années avant de ressortir un film. Mais c'était omettre le génie d'Alejandro González Iñárritu. A travers cette critique, je tenterai d'aguicher vos papilles, en soulignant que les raisons qui nous font venir à ce film sont ô combien légitimes.


Pendant le mois qui a précédé la sortie du film, nous avons pu constater l'amplitude de la promotion de The Revenant : affiches, articles internet, trailers, application « Leo's Red Carpet Rampace » (pour que l'acteur ait l'Oscar du Meilleur Acteur), … La promotion d'un film, quand elle est à excès comme ce fut le cas, peut mener à deux issues : un film mauvais qui veut rentabiliser, ou un chef-d'oeuvre mémorable. L'oeuvre étant réalisée par Iñárritu, on ne pouvait pas s'attendre à un film classique et académique. Effectivement, le niveau est considérable ; au fil des images la fascination est de plus en plus élevée, jusqu'au terme de ce long-métrage de 2h36, point d'orgue de cette perle de début d'année. Mais en quoi est-ce un grand film ? Notre réponse est imminente.
Iñárritu avait innové avec Birdman en proposant un film composé exclusivement de plans séquences. Il revient cette année avec une technique irréprochable et des images d'une qualité exceptionnelle et attentivement composées. Le premier argument que l'on peut apporter se trouve au niveau de l'image, dans laquelle le réalisateur reprend le procédé des plans-séquences avec toujours plus de prouesses, dès le premier plan dans la forêt puis par la suite lors de la bataille. La caméra se veut flexible et fait monter la tension par le biais dans cette séquence d'une caméra « embarquée » (portée à la main). L'image est magistrale, elle ressent les choses. On ressent l'essence des éléments, ce qui est rare dans l'histoire du Septième Art. Iñárritu a su capter l'âme des acteurs, leur intériorité : contrairement à beaucoup de films, il ne s'agît pas d'une œuvre « d'apparence », on entre dans les personnages et dans les lieux dans lesquels ils se déplacent. L'usage du plan-séquence et de la caméra embarquée ne doit pas être étrangère à tout cela... Ainsi, dès le début on s'attend à un grand film : même attention mise sur les différents points de vue d'une scène, splendide composition de l'image (et en particulier les plans de brume, filmés sans artifice, très tôt le matin), vastes mouvements de caméra pour vastes décors... Tous les ingrédients sont là pour nous immerger dans cette histoire vraie tirée du roman de Michael Punke, Le Revenant. Le film s'ouvre sur un chuchotement, d'où l'on peut retirer le terme « Respire ». Celui-ci pourrait caractériser The Revenant, dans le sens où il prend le temps de nous narrer l'histoire, entre puissance et suspension, moments d'éclats et instants sensibles... C'est un film qui respire, reprend son souffle après chaque soubresaut. Enfin, la maîtrise de l'image ne démord pas et le film s'achève sur un plan d'une grande justesse.
Si l'image est extraordinaire, la performance de l'acteur est excellente. Leonardo Di Caprio sort ici une facette de sa palette d'acteur encore éludée jusqu'à présent. Dès le début du film, on le sent habité, transcendé par son rôle d'éclaireur, puis de survivant. Malgré des infimes failles de jeu (notamment lorsqu'il rampe), l'acteur américain propose un jeu très physique, éprouvant, transformant le businessman du Loup de Wall Street que l'on avait quitté en 2013 en homme charismatique, que l'expérience de la vie a usé et endurci. Di Caprio offre à son rôle une certaine puissance, l'intériorité d'un homme qui a perdu sa femme et veut protéger son fils, celle d'un homme qui accumule les peines mais qui toujours renaît de ses cendres... Enfin, il faut souligner la force du regard de l'acteur, qui donne encore davantage de grandeur au film. Un acteur au service de son Art, au plus grand plaisir de ses fans et plus largement du public.
Enfin, il ne faut pas oublier la musique, composée par Ryuichi Sakamoto (Snake Eyes, Talons aiguilles, etc.), qui propose un fond musical tout en douceur, laissant planer une tension et une gravité durant l'ensemble de l'oeuvre.
Malgré des problèmes mineurs dans le maquillage, ce film est une expérience à vivre, car il mêle western, suspens, aventure, biopic et drame dans un film qui est un excellent compromis entre œuvre de grand spectacle et œuvre esthétiquement réussie. Un long métrage qui touche donc la majeure partie de la population, que l'on s'apprête à voir en tête du box-office durant de nombreuses semaines. La question reste encore, à 3 jours de la cérémonie des Oscars : combien aura-t-il de petites statuettes ?
Ombre-noire
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le 25 févr. 2016

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