Sur un certain site regroupant une communauté d'adeptes de films bis et underground, il y a régulièrement des concours, et il y a quelques mois, on en a eu un qui s'appelait "ass fucking competition", où il fallait faire une review d'un film parmi une sélection du pire du pire. Le gagnant a fait une vidéo de 46mn, où il y avait sa review, suivie d'une interview surprise d'un des acteurs.
J'avais uniquement regardé le début, car 1mn d'extraits a suffi à me faire penser que c'était un des trucs les plus fucked up que je n'avais pas encore vu... et que je devais absolument voir ça.


J’ai vu le film en qualité VHS avec 3 comparses ; je ne sais pas si c’est la qualité de la vidéo ou l’étalonnage, sûrement les deux, mais les couleurs sont dégueulasses. Le ciel est vert, la peau orange, la lumière éclaire des murs apparemment blancs en jaune.
Le son est encore plus pourri, il fallait se concentrer pour écouter au début, mais il y a des passages où c’est impossible, soit parce que les voix ne ressemblent plus qu’à de la bouillie sonore, soit parce que la musique couvre les paroles ! (et alors quand un personnage porte un masque…) Certainement pour camoufler le manque de rythme et maintenir le spectateur en éveil, il y a de la musique tout le temps, pas souvent appropriée par rapport à la scène en cours. On peut avoir de la musique pop qui fait passer le film pour un clip, des bruits de tambours sur des dialogues, du banjo insupportable, ou alors juste une sorte de brouhaha constitué de percussions et de cris déformés.
J’ai repensé à ce qu’a dit Jodorowsky, à propos de sa version de Dune : "Je voulais faire un film qui donnerait les hallucinations du LSD, mais sans LSD".
D’ailleurs on dirait que tous les acteurs sont en train de planer, que ça soit vraiment le cas ou qu’il s’agisse d’une indication du réalisateur.


Je ne pourrais résumer l’histoire de The roller blade seven, et je doute que quiconque puisse… y compris les scénaristes. J’ai lu tout à l’heure sur wikipedia que le réalisateur Donald G. Jackson et l’acteur principal Scott Shaw disaient que c’était le premier exemple de "zen filmmaking", un style où l’on n’utilise pas de script. En revanche, le film est basé sur deux livres de Shaw, "Essence, the zen of everything" et "Time". Ca aide amplement à comprendre pourquoi le film est ainsi, pourquoi c’est une série Z incohérente mais avec des airs de branlette auteurisante. Les dialogues se veulent mystiques ou profonds, mais sonnent creux, et surtout, on n’y comprend rien.
Mais c’est quand même unique, de ne pas avoir de script pour un film ancré dans un monde post-apocalyptique, avec les costumes et décors qui vont avec. Je reconnais quand même aux créateurs du film ce mérite… même si les décors et costumes sont, au mieux, cheap, quand ils ne sont pas à la fois cheap et moches (la sorte de tente avec des smileys accrochés sur les murs… pourquoi ?)


Les acteurs parlent peu souvent, et tant mieux car leur jeu est consternant.
The roller blade seven se concentre plus sur le visuel, et s’avère très expérimental, mais probablement pas tant par envie que par nécessité : tu laisses tes acteurs faire ce qu’ils veulent, et en post-prod tu te rends compte que t’as de la merde. Du coup tu essayes, autant que possible, de créer quelque chose avec ce qu’il y a, et tu te retrouves à foutre de la musique partout, à assembler les séquences même si elles n’ont aucun lien entre elles, et dans un élan désespéré pour faire quelque chose digne d’un minimum d’intérêt, tu testes des effets de montage bizarres.
Durant chaque scène de combat pratiquement, la même action est répétée plusieurs fois, parfois sous des angles différents, mais la plupart du temps c’est le même plan qui repasse. Ou comment faire une scène de 2mn avec 30 secondes de rushes.
Il y a tout de même des combats où on remarque qu’il y a eu un minimum d’indication (la fille qui reçoit un couteau dans la bouche, et tranche la gorge d’un type en se tournant… ???), mais d’autres où c’est le chaos complet : des ninjas en roller (après les ninja à moto de Miami connection) arrivent vers le personnage principal, et une fois là, ils se battent entre eux, durant un grand plan-séquence où personne ne sait vraiment ce qu’il fait.
Autre chose inédite avec The roller blade seven : le nom de l’acteur apparaît avant chaque séquence où il apparaît pour la première fois. Le film est comme un long générique.


Ce qui est un peu étonnant, c’est qu’il y a des noms relativement "connus" au générique : Joe Estevez, le frère de Martin Sheen (bon, qui a joué que dans des séries B ou Z), Frank Stallone (un ami a dit qu’il ressemblait à l’autre Stallone, sans connaître son nom, et effectivement, c’est son frère !), et Karen Black, qui a tout de même joué pour Hitchcock et, plus récemment, dans du Rob Zombie.
Ah oui, et encore plus fou : il y a eu 2 suites à The roller blade seven.


On a arrêté le film au bout de 40mn environ. Juste avant des plans nichons.
Pris de remords, j’ai continué le film tout à l’heure, et j’ai tenu plus longtemps que je ne le pensais car bien qu’il ne se passe pas grand chose de compréhensible, il y a un effet hypnotique. Mais au bout de 15mn j’ai arrêté, me disant "pourquoi je fais ça ?". Surtout que ce que j’ai vu est à l’image de tout le reste du film, donc ça ne m’apportait rien.


Pour ceux qui veulent voir la review et l’interview :
https://www.youtube.com/watch?v=3kZPLv6Qa0w
Je regarderai ça tout à l’heure.

Fry3000
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le 30 juil. 2015

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