The Rookies
2.7
The Rookies

Film de Alan Yuen (2019)

Je suis… Je suis un film chinois réalisé par le hongkongais Alan Yuen. Je cherche à jouer sur le même terrain que les blockbusters d’action américains jouant la carte de l’action et de la comédie. Puisque les States tentent de percer sur le marché chinois en mettant en vedette un acteur asiatique dans certains films, je fais de même en mettant en gros sur l’affiche Milla Jovovich, spécialiste de la série B bourrine depuis plusieurs années. Je complète mon casting avec quelques vieux briscards HK et des jeunes de la nouvelle génération chinoise. Malgré mon gros flop au box-office local en 2019, je tente malgré tout ma chance deux ans après à travers le monde histoire de rentabiliser mon budget. Je vais jouer la carte de la surenchère quitte à tomber dans le mépris de toute logique et je vais enchainer les gags bas du front en me la jouant parodie de films d’espionnage. Je suis ? Je suis ? Je suis une bouse ! Ah oui ! Ah oui ! Bravo à vous, vous êtes vraiment un champion !


J’ai découvert The Rookies complètement au hasard, en voyant la tête de Milla « je fais la gueule » Jovovich sur la miniature d’un trailer sur Youtube. « Mais qu’est-ce que c’est que ce machin ? » m’interrogeais-je. La curiosité l’emportant, je décide de cliquer. Et là, j’entraperçois tout le potentiel nanar du bousin. Je sais que ça ne va pas être bon, je sais que la frontière entre le nanar et le navet est parfois aussi fine qu’un bout de pellicule, mais il faut que je voie ce film parce que je sais qu’il y a moyen de bien se marrer devant. Et puis, bon, Alan Yuen n’a certes pas réalisé de grands chefs d’œuvres, son décérébré Firestorm (2013) était assez jouissif. Je me dis que, voyons, est-ce que sa migration 100% chinoise lui a fait du bien. Je ressors du visionnage de The Rookies et là, une question me brûle les lèvres : mais kékicépacé !?! Qu’est-ce donc que cette diablerie !?! T’as craqué ton slip Alan ou quoi !?! C’est quoi ce fouillis immonde que tu nous as pondu !?! C’est quoi ce mélange des genres complètement indigeste !?! Parce que là, The Rookies, ça ressemble sacrément à une tentative incohérente et souvent inintelligible de lancer une franchise de thriller d’espionnage, le poster de Jason Bourne présent dans la chambre du héros est clairement là pour le prouver. C’est quoi ce gloubiboulga de scènes sans queue ni tête, avec des sous-intrigues abandonnées au hasard et de nouvelles qui surgissent encore plus au hasard ? Dès l’intro, dès les 30 premières secondes à vrai dire, on a déjà ce petit fumet si typique des gros étrons cinématographiques qui nous chatouille les naseaux. Oui, cette scène où une centaine de scientifiques qui jouent mal courent, paniqués, vers un hélicoptère en CGI mal incrusté, alors que leur peau se transforme peu à peu en végétation, suivi d’une scénette où le grand méchant, Iron Fist, est en train de parler à un globe oculaire (celui de sa femme) bien conservé dans un bocal, ce n’est pas que ça sent pas bon, mais, et passez-moi l’expression, ça pue sacrément la merde.


Là, je regarde ma montre, on est à peine à 3 minutes au compteur, The Rookies me fait déjà peur. Oui, à moi, l’aventurier du cinéma, capable de s’infliger coup sur coup un bis italien fauché et un post nuke philippin pas plus friqué. Je me pose, je fais le vide autour de moi, j’entre en communion avec moi-même, je réorganise le peu de cellules grises qu’il me reste et je me dis que, bon, allez, je l’ai vu le potentiel nanar de cette chose. Allez, je vais me marrer. Je continue donc le visionnage et 1h50 plus tard, non, je ne me suis pas marré. Enfin si, un peu, ne soyons pas trop vache. Car oui, on se marre. Enfin, pas des gags du film, mais on se marre du film parce que c’est quand même sacrément mauvais. Des gags, il y en a plein, mais vraiment plein. L’humour est au ras des pâquerettes, souvent très gênant, avec des dialogues complètement puérils où tout le monde, à l’exception de Milla « je fronce les sourcils » Jovovich (mais on y reviendra plus tard), est constamment en train de faire des grimaces, de crier et de tellement surjouer que ça en devient douloureux. Darren Wang (Railroad Tigers, Super Me) est un trou noir qui aspire tout ce qui l’entoure. Ses mimiques et ses gesticulations insupportables et incessantes, son absence de profondeur, son manque absolu de timing comique, font de lui une punition vivante pour le public. On est parfois certes amusé, mais le plus souvent médusé devant les pitreries de ce James Bond version Wish. Il passe son temps à tout faire tomber, à dire des conneries, à danser, … On lui dit de pas toucher le bouton rouge, il touche le bouton rouge. Je suis prêt à beaucoup de choses au nom de l’humour, mais même pour l’amour de la blague, j’ai un peu du mal quand on me prend pour un con. Et c’est ce que fait ce film. A quel moment on se dit que le gag de la poupée gonflable va faire rire ? Non, c’est juste gênant !


Et l’action dans tout ça ? Bah oui, parce qu’avec Stephen Tung Wai (Purple Storm, Operation Mekong) aux manettes, on est quand même en droit d’attendre quelque chose de chouette. C’est sans doute le seul point positif du film. Et je suis gentil… Car autant certaines scènes d’action sont bien troussées, en particulier plusieurs poursuites en voiture et/ou side-car à travers Budapest, autant le monteur semble avoir parfois snifé un bon gros rail de poudre. The Rookies vire parfois dans le gros n’importe quoi que même la saga Fast & Furious, déjà bien pétée, n’a pas osé. Et pourtant, ils sont allés loin ! Mais là, c’est gênant, vraiment gênant parfois. Déjà, la new beetle qui, suite à l’appui sur un bouton, passe en mode nitro avec un design semblant destiné aux ados de 12 ans (elle cligne des phares et a des longs cils). Mais lorsqu’elle se transforme en robot, avec des ventouses en guise de pied, là mon cerveau a commencé à fondre par les oreilles et je n’avais rien pour colmater. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu autant d’idioties dans un film. Mais Alan Yuen semble s’amuser, balançant des effets visuels semi stylés dans tous les sens, à grand renfort de CGI semi réussis, souvent de la pure esbroufe car ils ne servent strictement à rien. Sans parler des effets de jaillissement (dents, lunettes) histoire d’exploiter le film en salles en 3D. Je ne vous parle pas de la niaiserie dans lequel le film verse au début de sa dernière partie, avec l’histoire d’amour ridicule, bottes de foin et cheval blanc à l’appui. Je ne vous parle pas non plus des incohérences et des faux raccords, ce n’est pas la peine, The Rookies n’a pas besoin de ça. Je citerais à peine les caméos de Lam Suet, Kathy Chow, Danny Chan et Lo Meng, amusants mais uniquement là pour contenter le public hongkongais. Et Milla Jovovich dans tout ça ? Bah oui quoi, elle est en gros, voire très gros en fonction des affiches. Ah bah sa doublure s’en sort très bien dans les cascades. Et elle ? Bah elle se la joue badass, comme elle a l’habitude de le faire dans les films de son mari Paul W.S. Anderson. Elle fronce les sourcils, elle grogne, elle fait la moue et elle parle avec une voix grave. Et elle est là en tout et pour tout 30 minutes. Voilà, bisous.


Rempli de scènes dont je cherche encore l’utilité, incohérent, pas drôle, souvent gênant, The Rookies est une bonne grosse daube des familles. C’est bon la daube hein, quand ça a des relents de nanar. Mais quand ça sent trop le navet, c’est indigeste.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 28 nov. 2021

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