Ce qu'il y a de fascinant avec The Rover, c'est qu'il n'a pas de scénario. Le vague prétexte de la voiture volée ne sert qu'à faire ponctuellement avancer le récit, permettant de relancer l'action au moment où on parvenait à la fin d'une scène ou d'une séquence. Ainsi, the Rover est une compilation de vignettes, illustrant chacune des aspects de ce futur proche réaliste où tout s'est effondré, et où l'homme survit comme il le peut. Il y a bien une armée, ridicule de par ses moyens, mais qui tente de maintenir un semblant d'ordre pour garantir son salaire depuis la capitale, dernier bastion de la civilisation. Il y a les petits bidonvilles, qui ne prennent que les dollars américains et proposent de tout. Et dans de rares cas, les médecins, en situation dangereuse de par la préciosité de leurs compétences. Il y a des éléments par dizaines, qui forment tous un tableau cohérent et parfaitement équilibré, trouvant la part juste entre le thriller promis et le contemplatif langoureux, qu’on pourrait comparer sans peine au petit classique de John Hillcoat La Route. Sec dans l’usage de sa violence, complètement amoral (le caractère bien trempé du personnage de Guy Pierce nous cloue définitivement la langue au fond de la gorge dès les 15 premières minutes), le film se focalise essentiellement sur les protagonistes principaux (simples, des portraits granuleux et intéressant, le charisme naissant de leur naturel (ils sont parfaitement implantés dans le décor) et pas vraiment sur autre chose. Les quelques interactions avec les locaux qu’ils rencontrent dans leur parcours, les souvenirs qu’ils trainent, la relation qui unit les deux protagonistes se substituant à la fraternité initiale du personnage de Pattinson… Globalement, le film offre peu d’éléments à analyser, il est même carrément minimaliste et d’un premier degré jamais démenti (c'est aussi pourquoi les chroniques qui en traitent, celle-ci y compris, sont aussi courtes). Mais l’immersion fonctionne si bien que son heure quarante passe en un éclair, le film possédant une spontanéité à toute épreuve, qui évacue la moindre prétention (ce que ne parvient pas à faire Refn par exemple) pour laisser parler la poussière et le regard abrupt de Guy Pierce. Il n’en a pas l’air, et pourtant, on tient un joli poids lourd de l’année.
Voracinéphile
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le 27 août 2014

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