Un film Schizophrénique, comme son personnage - critique par Le Blog du Cinéma
D’emblée, le spectateur est plongé dans un univers qu’il ne connaît ni ne comprend. Le réalisateur John Suits, installe dès les présentations, une ambiance sombre, glauque et singulière, coincée entre le polar (Le récit est une enquête menée à posteriori par Suki, beaucoup de voix-off), et une esthétique très Terry Gilliam-esque ou même Carpenter-ienne (L’antre de la folie)
D’ailleurs, étrangement, ce sont les références qui permettent l’accès au film, et non le script. Ainsi, dès l’intro, Suki s’autoproclame reine de la folie… Le film suivra dès lors une logique scénaristique totalement incompréhensible – presque folle !
Un script difficile d’accès renforcé par une réalisation télévisuelle (outrée), un montage hystérique, une photo hyper saturée… Cet excès dans la mise en scène finit néanmoins par littéralement devenir le sujet du film : la folie.
Pour la représenter, John Suits associe à sa mise-en-scène, énormément de gimmicks*. Gimmicks visuels, mais également sonores.
Aucun de ces gimmicks n’est original : ici, Fight Club/Panic Room, là Memento, ou encore The Machinist, Watchmen, The Fountain, et bien d’autres. Les sonores, eux, font directement penser à la culture jeu vidéo (Silent Hill, Bioshock, etc.)
Ensemble, ils participent à cette ambiance indescriptible, car éclectiquement multi-influencée, et par là, reconnaissable et accessible. L’interprétation, elle, est assez moyenne. Katie Cassidy confond expressions faciales/corporelles appuyées, avec l’implication dans son rôle.
A l’exception de Garrett Dillahunt – comme toujours parfait, le casting est assez désintéressé… Ce qui n’est pas vraiment une tare, mais plutôt un gimmick supplémentaire, celui de la série B, ou du jeu vidéo.
Le film est donc une accumulation de gimmicks* qui façonnent le récit en chapitres, formant plusieurs boucles successives. Chacune possédant plus d’ampleur que la précédente, mais suivant un pattern heureusement brisé par le chapitre final : les différentes pistes scénaristiques convergent vers un dénouement surprenant, débridé et imprévisible.
THE SCRIBBLER est donc défini par toutes ces références à d’excellentes œuvres et genres, eux mêmes pétris de références à un cinéma plus ancien… Immanquablement, cela donne un coté déjà vu à l’ensemble ; la schizophrénie du personnage devient la schizophrénie du film, et finit par constituer un ensemble cohérent, à défaut de lui donner de la personnalité. Le film de John Suits ne cherche donc pas vraiment à révolutionner quoi que ce soit, mais plutôt à divertir par l’excès.
Excès d’influences, excès scénaristiques, excès esthétiques, interprétation excessives… Le film retombe néanmoins sur ses pattes, dans un final excessif, évidemment.
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