Carol Lai Miu-Suet nous revient après 5 ans d’absence, et sans grande surprise elle nous propose à nouveau du thriller mêlé de romance et de drame, genre qu’elle affectionne et qui l’avait rendue célèbre avec Floating Landscape et The Third Eye.
Des jumelles qui se livrent bataille pour le rôle de leur vie, ainsi que pour l’amour d’un homme, l’une d’elles qui disparait, une incertitude quant à l’identité de celle qui est toujours là, et une tonne de faux-semblants, en somme un synopsis intéressant servi par un casting qui l’est tout autant.
Hélas Carol, malgré sa base intéressante, souffre d’un réel problème de mise en scène et de développement de son histoire. Non pas que tout soit raté, loin de là, mais les scènes dirigées de main de maitre laissent continuellement place à des instants bien moins inspirés, et vice-versa. En fait il semble évident qu’elle se soit bien trop reposée sur le talent de son directeur de la photographie habituel, Choi Shung-Fai, qui nous livre un visuel chatoyant, comblant les faiblesses de mise en scène. Comment ne pas être enchanté par Shu Qi devant un arbre en fleurs et à la fois consterné par les passages d’enquête manquant totalement de verve, en plus d’être interprétés par deux andouilles ? Et comment ne pas être subjugué par la double interprétation de Shu Qi, notamment durant le final, et en même temps agacé par Shawn Yu qui ne fait aucun effort dès que les passages sont en dehors de la scène ? De lourds problèmes que l’on retrouvait déjà dans un autre film, et pour cause, puisqu’il s’en inspire beaucoup, c’est Black Swan. Effets de miroirs, hallucinations cauchemardesques, lutte pour le succès sur les planches (ici le ballet laisse place au théâtre), de nombreuses ressemblances qui pourraient faire retomber The Second Woman au niveau de l’autre, mais qui est heureusement rattrapé in extremis par une Shu Qi qui ne vaut pas une fois, mais deux fois l’interprétation que livrait Natalie Portman.
D’ailleurs, bien que la bobine offre son lot de bons moments, on retrouve comme avec celle à laquelle elle est comparée une puissance entièrement concentrée dans son final, qui prouve à lui seul que si Shu Qi ne décroche pas elle aussi un Oscar, alors elle n’en décrochera jamais. L’équipe chargée de la technique à d’ailleurs fait de l’excellent boulot pour faire apparaître les deux Shu Qi sur une multitude de plans, mais en plus l’actrice se donne elle-même la réplique comme personne ne l’avait fait avant. Comme quoi même un film indépendant Hongkongais peut, avec un minimum de moyen, travailler un système de caches avec système amovible comme le feraient de grosses productions Hollywoodiennes.
The Second Woman se révèle donc être un long-métrage très appréciable, avec des moments forts bien trouvés et une chute splendide, mais aurait pu être bien plus intense si l’essentiel n’avait pas été axé sur le visuel et que la partie enquête ait été plus fouillée, moins décortiquée de façon un feu crétine dans son explication, et surtout servie par des acteurs bien moins fantaisistes.
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