Washington D.C 2 mai 1972 à six mois des élections présidentielles, l'emblématique et féroce patron du F.B.I, J.Edgar Hoover vient de mourir. La nouvelle provoque un cataclysme sans précédent dans les coulisses du pouvoir. Hoover est mort et avec lui ses sulfureux dossiers qui faisaient de lui un intouchable. L'administration Nixon en mettant à la tête du bureau un homme de paille du nom de Patrick Gray voit l'opportunité d'interagir avec le F.B.I qui jusqu'à présent, était une institution indépendante. Mais la mécanique bien huilée de l'appareil d'Etat sera mise à rude épreuve par un seul homme, Mark Felt (Liam Neeson), bras droit et confident de Hoover durant 30 ans. Le réalisateur Peter Landesman nous dresse le portrait d'un homme au charisme puissant et à la prestance imposante, (Liam Neeson est impressionnant, le visage amaigri et les cheveux blancs), un homme dévoué corps et âme à son travail. Mark Felt compte bien tout mettre en oeuvre pour que le F.B.I garde son intégrité morale. Évincé du poste de directeur, Felt dérange autant qu'il inquiète. Quand éclate le scandale du Watergate, Felt voit l'immense opportunité de faire le ménage au sein d'une administration gangrenée par la corruption. Sous la forme d'une excellente reconstitution, le cinéaste nous plonge dans l'Amérique du début des années 70, le pays s'enlise au Vietnam, la contestation gronde dans les rues, des groupuscules terroristes et anarchistes provoquent les autorités, le pays est au bord du chaos social. Le Watergate est un cracha de plus au visage du peuple américain. Entouré et épaulé (jusqu'au sacrifice) par ses plus fidèles collaborateurs, Felt va devoir nager en eaux troubles pour faire éclater la vérité même si celle-ci est obtenue par des méthodes discutables. Le Watergate au cinéma nous fait bien évidemment penser au long-métrage d'investigations d'Alan J.Pakula ; "Les hommes du président" et son duo de journalistes du Washington Post, Woodmard et Bernstein joué respectivement par Robert Redford et Dustin Hoffman. Les deux hommes qui grâce à des témoignages secrets remontaient le fil de l'histoire jusqu'aux plus hautes instances de l'Etat. "Mark Felt, the secret man" lui peut être perçu comme le pendant mystérieux du film d'Alan J. Pakula, en effet tous les secrets que "Les hommes du président" ne montraient pas, nous serons ici dévoilés par un point de vue différent. Pour ce faire, Peter Landesman s'insinue directement au sein des institutions censées être les garantes d'une éthique irréprochable. l'implication obsessionnelle de Felt pour faire éclater la vérité nous démontrera malheureusement le contraire et fera de ce personnage, l'un des premiers lanceurs d'alertes modernes.