Réalisateur de très bonnes bobines telles que Temple of the Red Lotus (1965), The Thundering Sword (1967) ou encore Twelve Deadly Coins (1969), Hsu Tseng-Hung est pourtant un de ces réalisateurs sous-estimés de la Shaw Brothers, possiblement parce que plusieurs de ses films ont longtemps été invisibles jusqu’au milieu des années 2000, période à laquelle de nombreuses bobines de la firme sont ressorties petit à petit. On le retrouvera par la suite du côté de la Golden Harvest, sur les conseils de Jimmy Wang Yu pour qui il réalisera The Invincible Sword (1971), One Armed Against Nine Killers (1976) ou encore la version chinoise de Zatoichi meets the One-Armed Swordsman (1970). Pour son dernier film pour les studios de la Shaw, The Secret of the Dirk, il livre au public un wu xia pian matinée de film d’aventures pour un résultat des plus réjouissants qui devrait ravir les amateurs du genre.


Même si au final assez classique, l’histoire qui nous est racontée est des plus prenantes, avec un réalisateur qui sait apporter de la nuance là où d’autres y seraient allés avec leurs gros sabots. Bien qu’il s’agisse d’un wu xia pian, The Secret of the Dirk a parfois des faux-airs de film d’aventures avec ce trésor que tout le monde recherche. Dommage qu’il semble un peu brouillon dans sa première moitié avec ses nombreux personnages qui semblent parfois poper aléatoirement sans vraiment d’explication. Mais au final qu’importe car ce côté « aventures » donne une certaine légèreté à The Secret of the Dirk, qui délaisse volontiers l’aspect mélo habituel des films de sabre de l’époque pour sans cesse avancer jusqu’à l’excellent final. Ça va vite, trop vite peut-être parfois tant tout est condensé en 1h18 génériques compris, mais au moins on ne s’ennuie pas et il y a même un côté épique à ce qui nous est raconté. On sent que le film a été fait dans le but de divertir au maximum le spectateur, sans s’encombrer de trop long moments d’exposition, même lors des scènes clés du film (lorsque par exemple on apprend la vérité sur le père) qui sont rapidement expédiées. Il en ressort un côté amusant et léger qui est clairement plaisant si vous cherchez un divertissement qui ne va pas demander trop de monopolisation de cerveau. Il faudra par contre passer outre certains points du scénario un peu trop gros, comme le fait qu’un personnage ait réussi à prétendre être muet pendant 20 ans ou le trop grand nombre de traitres présents. Un soin tout particulier a été apporté au antagonistes, le gang des Tigres Noirs, impitoyables, agressifs et violents, possédant une forteresse des plus glauques remplie de pièges mortels. The Secret of the Dirk se démarque par son envie d’utiliser au maximum des décors en extérieur plutôt que les décors des studios de la Shaw et le résultat s’en retrouve des plus intéressants visuellement parlant.


Tout comme dans The Bells of Death, Chang Yi (The Thundering Sword, A Taste of Cold Steel) interprète ce rôle de héros avec une grande prestance et se fait souvent très impressionnant. Outre son personnage qui est réussi, c’est également son arme qui marque pas mal les esprits, une épée composée de plusieurs fines épées collées les unes aux autres et dont il peut également se servir comme projectiles. Dommage que cette arme n’ait au final que peu de temps à l’écran. Son acolyte Ching Li (12 Deadly Coins, The Anonymous Heroes) n’est pas en reste et propose également une excellente prestation, aussi bien à l’aise pendant les scènes d’exposition que lors des quelques scènes d’action auxquelles elle participe (bien qu’elle semble parfois doublée). C’est l’acteur / réalisateur / chorégraphe Tang Chia (Shaolin Prince, Shaolin Intruders) qui s’est occupé des scènes martiales et il fait un excellent travail. Les combats sont très bien orchestrés et, à l’inverse de pas mal de films de cette époque, ça tente sans cesse d’être créatif grâce à l’arme principale de son héros mais pas que, dynamisant sans cesse les chorégraphies pour un résultat vraiment très plaisant. Le film se fait également très violent, avec les habituelles gerbes de sang de l’époque, mais il devient carrément brutal dans sa dernière partie, lorsque tout s’accélère, au point que certains plans bien choquants semblent venir de nulle part lors d’une ultime scène d’action mémorable. L’amateur de wu xia devrait ressortir du film le sourire aux lèvres tant ces dernières minutes sont géniales et des plus excitantes bien que le film se finisse un peu trop abruptement.


On continue notre exploration des Shaw Brothers oubliés / méconnus avec un The Secret of the Dirk des plus divertissants. Aussi bien wu xia pian que film d’aventures, le spectacle est réjouissant, rythmé, avec un final intense où les morts pleuvent. Recommandé !


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-secret-of-the-dirk-de-hsu-tseng-hung-1970/

cherycok
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le 26 sept. 2024

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