Vol avec escalier.
De Losey, je n’avais jusqu’alors vu que La Bête s’éveille qui était loin de me laisser un souvenir impérissable, et dans lequel on retrouve quelques éléments qui font de cet opus une version bien...
le 14 sept. 2015
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Mon premier Losey m’aura déjà bien tapé dans l’œil. Cette histoire de faux-semblants est juste captivante de bout en bout et The Servant est vraiment hallucinant de maîtrise sur bien des niveaux. A commencer par cette mise en scène aussi belle qu’habile, créant justement une tension parfois digne d’un (bon) film d’horreur. Ces travellings lancinants magnifiés par une photographie très léchée sont vraiment sublimes. Nous sommes plongés dans l’intimité de cette maison bourgeoise que l’on quittera très peu et qui sera perturbée par l’arrivée de ce domestique aux multiples facettes. C’est d’ailleurs un peu dommage que l’on quitte parfois le cadre du domicile, j’aurais signé des deux mains pour un huis-clos intégral qui aurait sûrement accentué davantage l’ambiance oppressante du film. Après ce n’est qu’un petit détail qui n’engage que moi bien entendu.
Car ce sentiment d’oppression fonctionne très bien grâce la réalisation ingénieuse de Losey qui a la manière de resserrer efficacement son cadre sur l’action et les personnages. A partir du moment où tu cernes les enjeux de la scène en un plan, c’est que tu as juste tout compris au cinéma. Et c’est un film oppressant aussi dans la mesure où l’on assiste à un jeu de pouvoir, mené par le propriétaire et le serviteur, dont l’intensité grimpe crescendo. Plus l’intrigue avance et plus les caractères s’affirment et les masques tombent. Et The Servant n’est pas avare en séquences marquantes. Le passage de la rencontre entre le propriétaire de la demeure et la sœur est notamment incroyablement érotisant, avec une tension sexuelle folle.
C’est aussi un film sans concessions, qui représente une véritable descente aux enfers qui prend aux tripes et qui ne va jamais arborer un ton moralisateur. Nous sommes notamment jamais très loin des problématiques de lutte des classes mais sans manichéisme aucun ni prise de position simpliste. C’est plutôt un film sur l’homme, sa médiocrité, ses peurs et sa volonté incessante de manipuler l’autre, de le dominer. Et c’est traité brillamment, un grand film.
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Créée
le 8 juil. 2015
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