Il y a des films comme ça on sait dès les premières minutes s’ils vont être bons ou non, et The Sessions fait partie de ceux-là, car instantanément la narration en voix-off de John Hawkes nous happe, tant cette histoire est captivante et soulevant de nombreux tabous. Puis la force de la bobine c’est de nous raconter quelque chose d’inédit, et pas une énième fois nous ressasser une histoire de rencontre ennuyeuse et sans finesse comme a pu l’être Intouchables, summum du mauvais goût et de la mièvrerie. Pas de place pour le pathos, et même jusque dans son final dramatique (pas de spoil, mais bon vous vous doutez que personne n’est éternel…) le but n’est jamais de faire fuser les larmes, juste l’envie de faire partager la vie d’une personne spéciale d’un point A à un point Z, sans tabous tout en conservant une certaine pudeur. Aussi le récit s’adresse à un public adulte, celui qui ne rigole pas bêtement dès qu’il voit des seins, ce qu’il faut savoir, car Helen Hunt y joue le rôle d’une assistante sexuelle, ce qui nous l’expose de nombreuses fois en nu intégral. Difficile de nier le fantasme, mais le naturel de l’ensemble ainsi que la prestation de l’actrice nous font vite oublier cette nudité qui dans un autre contexte aurait eu un effet tout autre. Puis il y a le formidable John Hawkes, qui n’a de cesse ces dernières années de prouver son talent sans limites, que ça soit dans l’excellent Winter’s Bone, et arrivant même à sauver le soporifique Martha Marcy May Marlene. Troisième pilier dans ce triptyque, c’est le grand William H. Macy, tenant ici le rôle de prêtre atypique confident du jeune homme poète rêvant d’amour, mais aussi comme tout homme de plaisir charnel. Un trio qui fonctionne du tonnerre, et on ne pourra qu’une nouvelle fois saluer le talent de John Hawkes à lancer ses tirades aussi bien bercées d’une grande tristesse mais aussi de pointes d’humour et un franc-parler qui feront sourire et appuyant cette volonté à ne pas glisser vers le niais.
The Sessions est un grand film, un chef d’oeuvre, un instant unique de cinéma ainsi qu’une plongée passionnante dans l’intimité des handicapés, souvent tue, mais absolument indispensable, notamment en France, où l’assistance sexuelle reste strictement interdite, faussement considérée comme de la prostitution alors qu’elle est avant-tout un soutient psychologique. Je lui décerne l’Oscar du meilleur film, du meilleur scénario, du meilleur acteur pour John Hawkes, du meilleur second rôle féminin pour Helen Hunt et du meilleur second rôle masculin pour William H. Macy, n’en déplaise à l’Académie qui continue de préférer récompenser les mêmes pour des étrons n’apportant aucun nouveau regard sur la société actuelle, et si ce n’est pas ça le rôle du cinéma, alors quel est-il ?
SlashersHouse
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le 25 févr. 2013

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