Les films de yūrei, ça à beau être toujours la même chose je ne sais pas pourquoi mais j'y trouve toujours un petit côté sympa. Le père Shimizu par contre, c'est une autre paire de manches, j'ai pas vu son auto-remake ricain mais The Grudge (pardon, Ju-On) était quand même assez relou, y'avait de l'idée mais jamais très bien exploitée, ça donnait un ring like tout à fait oubliable, je lui ai largement préféré "Réincarnations" qui était un peu plus maîtrisé dans sa folie.
Et là il revient avec un drôle de film au titre pour le moins évocateur, toujours dans la même veine horrifique: The Shock Labyrinth. Un train fantôme où une bande de jeunes se retrouvent confrontés à leur mémoire d'enfance qui les piège dans un espèce de labyrinthe mi-hôpital mi-attraction de foire pour les faire chier en leur balançant des fantômes divers et des sacs à dos en forme de lapin en peluche qui vomissent leurs entrailles en volant. Au japon on a pas d'argent mais on a des idées, et Shimizu est un bon partisan de cette doctrine.
Les acteurs sont absolument affreux, surtout les mecs qui jouent comme des pieds, les effets spéciaux sont assez moches (mais y'a largement pire, surtout au Japon) et ça fait à peu près aussi peur qu'un duel de toupies mais tout l'intérêt du film est dans la mise en scène. Et attention, mise en scène 3D ! Le lapin en peluche vous saute à la tronche, les fantômes sont toujours éclairés en bleu ou rouge à tel point qu'on croirait regarder le film avec des lunettes anaglyphes et bien sûr au Japon il pleut des jolies gouttes toujours au ralenti dont les formes défient la gravité (Miike nous a fait la même chose avec de la neige dans Hara-Kiri, c'est très joli).
C'est mal fichu et mal scénarisé mais j'ai trouvé ça étrangement attachant, l'ambiance train fantôme à la fois complètement dingue et amusante est quand même bien rendue: y'a des mannequins de foire qui s'animent, un fantôme qui tombe encore et encore de la balustrade depuis laquelle elle s'est brisé la nuque façon Project Zero, à la fin y'a même une scène dans une salle pleine de sacs gigotants qui aurait pu sortir d'un Silent Hill, cadrages compris (scène qui aurait pu être très bien si elle n'était pas gâchée par le jeu du héros qui nous sort la respiration paniquée la plus insupportable jamais entendue, HIIIII HIIIII HIIII pendant cinq minutes à t'en faire saigner les oreilles.)
Sur le principe c'est la même chose que l'ignoble "The Park 3D", même niveau scénario c'est sensiblement identique. La différence, c'est que Shock Labyrinth n'a pas été fait par des tâcherons et ça se voit: dans les deux films le parc d'attraction labyrinthique n'est constitué que de trois-quatre pièces et un escalier, mais seul Shimizu a su utiliser l'espace, et les éclairages pour nous faire croire le contraire. Et ça marche !
J'ai vraiment hâte de voir son prochain film, "Rabbit Horror", réalisé en coopération avec Christopher Doyle et avec le même scénariste. Je sais très que ce sera pas génial mais j'aime ce fantastique brindezingue et inventif.