Rare sont les films qui m'ont fait l'effet que m'a procuré "The Smell of Us" en sortant du cinéma. Cette vague sensation d'être perdu après ce que l'on vient de voir sur grand écran. Se rappeler sa propre adolescence et ses dérives, ses bons moments et ses mauvais, et se dire que ça continuera toujours, comme continuera la dérive des kids les plus jeunes du film, qui prendront le relais des 4 acteurs principaux qui électrise l'objectif de Clark, chacun à leur manière.

J'étais septique à l'idée de voir ce que Larry Clark allait faire de ce projet écrit par Scribe, un jeune poète Nantais, et finalement le résultat n'est que plus surprenant. Comme toujours dans ses films, les kids baisent, s'enlacent, se délassent, et se défoncent à tout va, à défaut qu'ici, ils ne ressentent plus rien. Surtout le personnage de Math, qui dans une scène de soirée hypnotique, reste impassible et immobile les yeux fermés, au milieu de la foule en mouvement, sur "Ring Them Bells" de Bob Dylan. On pourrait penser au personnage de Clay dans le livre "Moins que Zéro" de Bret Easton Ellis qui ne ressent plus rien et se laisse aller dans le courant du mal-être. Ici, malgré les quelques étreintes entre les kids, c'est le mal-être qui règne autour d'eux et en eux, sous toutes les formes qui soient. Notamment en voyant les scènes de sexe où les vieux exploitent les jeunes, et où en retour les jeunes méprisent les vieux, notamment en saccageant l'appartement de l'un d'entre eux.

20 ans après son premier et excellent film "Kids", Larry Clark continue de surprendre. On pourrait penser que le papi punk qu'est devenu Clark pour des générations de gamins, signe ici un film testamentaire qui résume le mieux l'ensemble de son oeuvre, et que ça pourrait être le dernier de sa carrière singulière.

Ce qu'il y a sûrement de plus fort et de plus beau dans "The Smell of Us" que dans tous les autres films de Larry Clark, c'est que cette odeur on la sentirait presque émaner des images du film. Tantôt filmées par Clark et par le personnage de Toff (alter-égo de Larry Clark lui-même) qui filme tout et tout le temps avec son Iphone et une caméra pendant les sessions de skate et de baise. Il n'y a pas de doute que Clark aime ces jeunes et ces personnages à la dérive. On le sent et on le comprend dans les longs silences lorsqu'ils les filment quand ils sont seuls à observer les autres et le malaise qui plane autour d'eux. C'est dans ses moments que Clark excelle. C'est dans ces moments que le titre du film prend tout son sens : The Smell of Us.
R_Phoenix
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le 18 janv. 2015

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