Comédie romantique musicale fantasy sanglante d’aventures

Bon… hum… par où commencer… J’avais envie de me faire un petit Shaw Brothers. Mais il y en a tellement. Plouf plouf, ça se-ra toi que je re-gar-de-rai. The Snake Prince, film de 1976, avec Ti Lung au casting, accompagnée de la jolie Lin Chen-Chi (l’héroïne de L’Enfer des Armes de Tsui Hark), réalisé par le vétéran Lo Chen, connu pour ses drames déchirants dans les années 60 comme My Son (1969) le tout scénario par Ni Kuang, auteur de pas moins de 220 films du studio. Sur le papier, ça sentait bon, mais je n’étais pas prêt au spectacle qui allait m’attendre. Ceux qui nous suivent depuis un moment connaissent mon aversion pour les comédies musicales. Eh bien là, il s’agit d’une comédie musicale de fantasy et d’aventures avec des boobs, des combats, du sang et des serpents (des vrais et des en caoutchouc). Plein de serpents, car c’est une adaptation spirituelle de l’ancien mythe chinois de La Légende du Serpent Blanc, la même dont s’est inspiré Tsui Hark pour son célèbre Green Snake. Autant vous dire que le spectacle était … particulier et mon visionnage … chaotique, avec mon cerveau partagé entre l’envie de me crever les yeux et les tympans d’un côté, et la jouissance d’un tel n’importe quoi de l’autre.


The Snake Prince est un film qui file à vive allure et que ne laisse pas vraiment le temps au spectateur de réaliser ce qu’il est en train de voir. Les scènes s’enchainent, sans temps mort, on passe d’une danse à un combat sans réelle transition, mais aussi des moments de fantasy, avec des serpents géants, des effets spéciaux bien dans leur époque, des chansons pas du tout adaptées à l’époque du film. Rapidement, une question se pose : pour qui a réellement été fait ce film ? D’un côté, on a l’impression d’être dans un film pour enfants ou pour adolescents, avec un côté bisounours où tout le monde danse et chante avec un grand sourire sur une musique enjouée, et puis de l’autre on a des boobs, de la violence relativement sanglante (surtout dans le dernier acte) et même de la barbarie sur animaux (des serpents sont maltraités, voire tués. Ça part dans tous les sens et on a plus l’impression d’être dans un gros délire plutôt qu’un film sérieux. Par moment, on a l’impression que certains acteurs, à commencer par Ti Lung, sont en train de se demander qu’est-ce qu’ils font au milieu de ce bordel. Certaines scènes sont complètement WTF, comme lorsque les trois serpents géants creusent des galeries en se servant de leur bouche comme d’une pelle mécanique et font tout d’effondrer au-dessus d’eux, ou lorsque, lors de la nuit de noce, Lin Chen-Chi se retrouve nue avec un serpent géant en caoutchouc entouré autour d’elle. Même au niveau de la mise en scène, ça part parfois dans tous les sens. Lo Chen fait un excellent travail de caméra et met parfaitement les paysages et les décors studios en valeur, mais parfois, il pète un câble au niveau des couleurs et balance du vert, du rouge, du violet, avec en plus de temps en temps un peu trop de fumigène. Et que dire des beaucoup trop nombreux moments musicaux du film à la musique complètement hors de propos, semblant sortir d’un album de Sheila période Mais oui mais oui, l’ecole est finie. Les années yéyé ne sont pas loin !


The Snake Prince semble avoir bénéficié d’un budget des plus confortables si on en croit la belle direction artistique, les superbes décors studios, le nombre de figurants de certaines scènes, et les scènes de serpents géants qui, si elles peuvent faire kitchs aujourd’hui, étaient plutôt très correctes pour l’époque. Il règne dans le film une certaine ambiance de conte de fées, aussi bien visuellement dans les couleurs, les décors et les effets spéciaux fantaisistes, que dans les personnages qui auraient clairement pu sortir d’un dessin animé de chez Disney, ou même l’histoire d’amour centrale du film qui prône l’amour et la tolérance bien qu’elle finisse dans un bain de sang. Le prince Serpent, dont le but ultime serait de vivre en totale harmonie avec les humains, et sa douce, très nombre dans son comportement, représentent tout ce qu’il y a de bon dans l’humanité, alors que tous les autres personnages ne sont que mépris et mauvaises intentions, causant la perte de cet amour qui semblait pourtant si pur. On y retrouve la naïveté de ces contes où « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » jusqu’à ce que le final ne vienne tout chambouler. Oui, The Snake Prince est vraiment un film étrange, mais surtout un film qui risque de diviser les foules. Les gens qui, comme moi, ne supportent pas les comédies musicales risquent de passer à plusieurs reprises un (très) mauvais moment puisqu’il n’y a pas une, ni deux, ni même trois, mais neuf passages chantés et/ou dansés que les quelques combats, pas forcément très travaillés, et les scènes WTF n’arriveront pas à compenser. Ceux qui à l’inverse sont amateurs de la chose devraient s’amuser comme des petits fous, d’autant plus si aiment le délire des scènes à côté.


Mélangeant allègrement comédie musicale, fantasy, serpents géants, aventures, romance, boobs et gore, The Snake Prince est un film très étrange, flirtant souvent avec le WTF, qui risque de diviser les foules. La Shaw Brothers réserve bien des surprises…


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-snake-prince-de-lo-chen-1976/

cherycok
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le 5 déc. 2024

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