L'époque n'est pas cinégénique
L'histoire : un autiste névrosé plein de mépris pour la forme juridique de la propriété intellectuelle devient subitement milliardaire en inventant Tweeter, en plus compliqué.
Alors voilà, pour David Fincher, Mark Zuckerberg est le Citizen Kane contemporain. Le problème n'est pas de savoir s'il a tort ou raison, ni si le film accumule assez de qualités ou de défauts techniques pour mériter reconnaissance, indifférence ou reproches : tout est très beau, parfaitement mis en scène, fort bien joué et ficelé au millimètre - le nerd enfin gratifié d'un grand film classique et sérieux, catapulté hors des seconds rôles caricaturaux et de la geste burlesque façon Apatow ; le problème, c'est que l'économie électronique et la culture contemporaines sont ennuyeuses à regarder au cinéma.
Des gamins qui tapotent sur des ordinateurs entre le compte-rendu bloggé d'un psychodrame sentimental, une cuite à la bière et une multiplication de petits procès, c'est une vision très juste de la réalité, mais c'est très chiant. Fincher a un style ample et beau, mais son histoire manque si cruellement de souffle qu'on a l'impression de regarder De Vinci se casser la tête pour peindre une page Youtube. C'est loufoque.