"I don't understand"... Which part ?
Mon opinion sur ce film
Ce film est une réussite. Rarement, un biopic (à part, peut-être Aviator) n'a été mené sur un tel rythme. En outre, on ne peut pas dire que le réalisateur ait épargné son "héros". Certes, on est fasciné par son intelligence, son entregent, mais on est aussi écoeuré par le manque de scrupule qu'il met à trahir ses amis. Après avoir vu ce film mi-figue mi-raisin, les détracteurs, souvent mal-informés sur ce qu'est réellement Facebook et s'imaginant des dangers qui n'existent pas, seront encore plus renforcés dans leur paranoïa. Quant à ceux qui l'utilisent, ils y mettront sans doute plus de discernement surtout en "verrouillant" leurs données personnelles, ce qui est l'essentiel.
Quoiqu'il en soit, personne ne pourra plus jamais ignorer l'importance du plus gros réseau social du monde et du tournant qu'il représente désormais dans la communication d'un bout à l'autre de la Terre (sauf peut-être encore, mais pour combien de temps, dans les dictatures qui empêchent sa réception) et les relations qui s'établissent entre individus séparés par des continents entiers.
Si Mark Zuckerberg n'est pas épargné, l'université d'Harvard, l'une des plus prestigieuses du monde, ne l'est pas non plus. Le film nous montre jusqu'à l'indigestion une jeunesse ultra-privilégiée, en permanence à la recherche de sensations fortes (fric, sexe, drogue et alcool) et dénuée de toute valeur morale. On se rend compte, en voyant ce film, combien la jeunesse américaine (mais cela est aussi valable pour le reste des pays "développés") a perdu ses repères (et pas seulement dans les banlieues pauvres). Un film qui laisse une amère impression de dérive où les vraies valeurs, de morale, d'honnêteté et d'amitié, sont sérieusement mises à mal. Les héros du film ne sont en rien sympathiques mais on ne peut s'empêcher de les plaindre car leur victoire se fait au détriment de leur humanité : en effet, si Mark sort de cette aventure richissime, il se retrouve plus solitaire qu'il ne l'a jamais été malgré ses "500 millions d'amis" virtuels.
Jesse Eisenberg, qui joue le rôle de Mark, a l'âge du personnage qu'il incarne. Il y est excellent. Il faut dire que, si ce film l'a porté au devant de la scène, il a déjà l'expérience d'une 20e de films et de plusieurs pièces de théâtre. Quant à Andrew Garfield (son copain Eduardo, devenu, après que Mark l'ait trahi, son plus acharné ennemi), j'avais déjà remarqué son excellente prestation dans Lions et agneaux de (et avec) Robert Redford (2007) ainsi que dans le difficile Boy A. Je l'ai aussi vu, depuis, dans le terrifiant film Never let me go. On doit aussi saluer la prestation du chanteur Justin Timberlake, très crédible en parfait salaud cynique sans foi ni loi dont le seul but est de trouver un pigeon qui lui permettra de redorer son blason.
Un dernier mot sur la bande originale du film, composée par Trent Reznor et Atticus Ross qui mêle savamment le rock électrisé de The White Stripes, les Beatles, la musique classique (mélancolique Grieg) et surtout, à la fin, une superbe et étonnante reprise du titre Creap du groupe Radiohead (que j'adore) par la chorale féminine des Scala and Kolacny Brothers dans une réinterprétation d'une beauté à couper le souffle.
Ma note : 5/5
Réplique culte :
"- I don't understand.
- Which part ?"