"The Social Network" ou "Comment rendre passionnant un sujet inintéressant à la base" !
Faire un film sur facebook et la création du plus grand réseau social du monde, ça a l’air atrocement ennuyeux dit comme ça. Et pourtant, qui c’est qui en a fait un film évènement de 2010 ? David Fincher, un réalisateur connu pour des œuvres comme "Game", "Seven" et "Fight Club" mais ce n’est pourtant que son troisième film dans ma liste de visionnage car je l’avais commencé il y a longtemps et pour être honnête : "Seven" ne m’avait pas du tout plu malgré une fin dérangeante et inattendu et je prévois de le revoir une nouvelle fois pour avoir un avis définitif, "Fight Club" m’avait bien plus convaincu et je n’ais pas encore visionné "Game" ou le reste de ses réalisations, j’en suis donc à ma troisième seulement pour le retard à rattraper avant d’aller voir "Gone Girl" en octobre prochain.
Et je pense pouvoir dire que, de tous ses films, c’est surement mon préféré pour le moment, et aussi celui qui m’a le plus surpris. Non seulement ce film arrive à rendre le sujet très palpitant pendant deux heures alors qu’à la base, une biographie sur Mark Zuckeberg et la création de facebook pouvait être terne et stérile. Néanmoins David Fincher est un excellent réalisateur, et je suis même surpris qu’il n’ait pas été oscarisé en 2010 après avoir été nominé à cette cérémonie. Le rythme est très vif, la réalisation est dynamique, rapide et calculé au millimètre que ce soit au niveau des champs/contre-champs ou des plans larges et fixes, et ceux dés les premières minutes du film lors des premiers dialogues même si par moment ça peut poser des petits soucis pour comprendre ce que dit Jesse Einsenberg, alias Mark Zuckerberg. Les flashbacks entre le procès en salle de Zuckerberg et son parcours en tant qu’informaticien de génie insociable et misanthrope sont monté avec ingéniosité et permette à l’intrigue de rester très compréhensible et facile à suivre tout en recueillant l’avis personnel, par moment, des personnages qui sont concernés par tel ou tel évènement, et les cadrages optés pour certaines scènes arrivent sans problème à susciter notre intérêt, et avec la musique de Trent Retnor et Atticus Ross, ça devient plus intrigant encore.
Non parce que, honnêtement j’avais très peur pour la musique, étant donné qu’une partie de l’histoire se déroule à Harvard et du côté des étudiant, j’avais déjà une idée de que ça allait donner. Plusieurs musiques sont fait synthétiquement, avec ou sans instrument classique à l’arrière (ça dépend lesquels), et ça peut aussi bien réussir que foirer de ce côté-là (comme pour Hans Zimmer dans "The Amazing Spiderman : le destin d’un héros") parce que, dans la vie de tout les jours c’est très courant et ce n’est pas forcément le genre de composition que je recherche quand je vais visionner un film, j’en suis pas fan à vrai dire. Heureusement, l’imagerie et la réalisation de Fincher permettent à la musique de très bien s’introduire et elle se révèle même bien adapté au film et au sujet qu’il traite, arrivant même à faire dégager de l’ampleur lors de certaines scènes monté avec les flash-back comme l’entretien entre Mark, Eduardo et sa petite copine avec Sean Parker qui se révèle être un des éléments clés dans ce film.
Mais "The Social Network" ne serait pas aussi attrayant et réussi si la représentation des personnages n’était pas réussie, et sur ce point c’est également un des points forts du film. C’était à Jesse Einsenberg que j’avais beaucoup aimé dans Insaisissables, et qui va être le futur Lex Luthor dans Batman VS Superman : Dawn of Justice qui sortira l’année prochaine, d’enrôler l’identité du fondateur de Facebook, et sur ce point la performance se respecte amplement. En plus de lui ressembler comme un sosie, il arrive à s’approprier le personnage et à se montrer tantôt drôle, tantôt intello et tantôt détestable par son attitude et son parcours est fidèle dans les grandes lignes, après pour les détails les experts en savent surement plus mais Jesse Einsenberg aurait mérité un oscar. Andrew Garfield, qui est aujourd’hui le nouveau Spiderman dans les films de Marc Webb, interprétait le meilleur ami de Mark, Eduardo Saverin qui a été victime d’arnaque et d’escroquerie de la part de son ancien ami et de Sean Parker, il n’est peut être pas tout aussi marquant qu’Einsenberg mais c’est un excellent second rôle et il arrivait à être étonnant et à livrer une excellente prestation. Mais venons-en à Justin Timberlake, j’avais entendu dire qu’il était acteur mais il y a peu je pensais que ce n’était qu’une façon de rameuter les fans du chanteur dans l’unique but de faire de la publicité pour ses albums, mais au final ça ne se limite pas du tout à ça et ce beau gosse n’a pas été choisi sans raison : il sait jouer, il était même incroyablement bon pour jouer la belle enflure qu’était Sean Parker, un playboy qui se la pète et profite d’une occasion pour s’associer avec Mark et contribuer grandement au développement de Facebook, son parcours dans le film est bien respecté puisqu’on mentionne ce qui lui arrive par la suite.
Et ce n’est peut être que secondaire, mais un mot sur Armie Hammer qui a aussi joué dans "J.Edgar" et Max Minghella qu’on reverra dans "Horns" d’Alexandre Aja qui livraient une bonne interprétation, mais à vrai dire Fincher sait gérer ses acteurs, ses personnages particulièrement narcissique et il a fait un excellent boulot avec chacun d’eux. Chapeau pour le casting donc, et en plus de ça il y a pas mal de répliques à humour noir très bien écrit et certains dialogues qui deviennent très agréable et plus ou moins palpitant en fonction du personnage qui les prononces, je n’en ais pas en tête dans l’immédiat mais bon, si vous avez vu le film vous en aurez peut être en mémoire.
Autrement que dire d’autres ? Ah oui, une seule question qu’on est en droit de se poser : pourquoi avoir réalisé ce film ? Et bien, pour ma part, en dehors du but de raconter l’histoire de Mark Zuckeberg et de rendre un sujet pareil aussi intéressant, je pense que derrière ça il y a probablement une intention chez le réalisateur, une façon de montrer à quel point les réseaux sociaux ont modifié notre existence et notre quotidien que ce soit en bien ou en mal, que ce soit dans nos manières de dialoguer avec autrui qui devient plus simple virtuellement que physiquement mais se révèle aussi un peu moins humain car on ne sait pas toujours à quoi ressemble notre interlocuteur et il en va de même avec ce dernier, sans compter les risques qu’on encours sans avoir de la réserve et sans être prudent sur les réseaux sociaux, et c’est une manière intelligente de nous amener à la réflexion suivante : « En quoi facebook et les réseaux sociaux ont changé notre existence ? Est-ce que ça nous rapproche des autres, ou bien est-ce que ça nous isole des autres ? ». Et tout cela est présenté à travers les personnages du film, Mark Zuckeberg est solitaire, insociable et trouve refuge avec sa création, et il n’est surement pas le seul, aujourd’hui plus centaines de millions de personnes utilisent Facebook, mais est-ce une bonne chose pour autant ?
The social Network vaut entièrement le détour, ne serait-ce que pour ce message et les questions qu’il peut soulever, la réalisation de Fincher, ou bien le jeu d’acteur des trois principaux comédiens qui ont des répliques vraiment savoureuses.