Lorsqu’ils ne sont pas des super-héros, les adolescents américains peuvent se révéler attachants sur la pellicule. Dans la veine du Monde de Charlie, The Spectacular Now convoque les futures stars Miles Teller & Shailene Woodley avant que ceux-ci ne passent sous les bulldozers des franchises formatées.
Qu’on ne s’y trompe pas, le film ne se distingue pas par une originalité hors-norme. C’est justement l’inverse qui semble lui servir de creuset : le destin on ne peut plus banal d’adolescents sur le point de quitter le lycée, décliné à travers la romance, le rapport aux parents et les questions sur l’avenir. Tout le pari du film (souvent assez proche du Palo Alto de Gia Coppola) tient dans son désir d’authenticité, que l’interprétation des comédiens parvient à maintenir la plupart du temps. Le couple est tout à fait convaincant, entre le jeune homme brillant mobilisant son énergie un peu poseuse principalement dans une dynamique d’autodestruction (Miles Teller semble poser ici les bases du radicalisme de son rôle dans le futur Whiplash), et la demoiselle timorée s’ouvrant à la maturité.
Les drames qui sont les leurs jouent souvent sur une lisière entre le quotidien et le drame, alimentée par la toxicité de ces flasques qu’ils suçotent en permanence : à tout moment, le film peut basculer vers la gravité d’un Leaving Las Vegas, qui semble avoir déjà ruiné les parents. Mais c’est sans pathos excessif que ceux-ci sont portraiturés. Suffisamment pour expliquer les stigmates de la jeunesse, mais sans en faire pour eux un modèle tragique et immuable.
Car si l’on suit un sentier relativement balisé (amour et rupture, emprisonnement et émancipation), la petite finesse de l’écriture réside bien dans ce constat posé sur son protagoniste : la tragédie de l’atavisme est avant tout présenté comme une facilité, une excuse en or proposée à un jeune homme qui doit décider s’il cède à la complaisance en contemplant le désastre annoncé de sa vie ou tenter, par l’effort, de conjurer le prévisible.
Habile déclinaison (un brin arty et fake dans son recours aux filtres en mode Sundance, il est vrai), The Spectacular Now aura su s’arrêter avec une certaine justesse sur ce temps des possible, sans éluder les abymes qui le creusent.
(6.5/10)