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The Spirit, ou quand le succès monte à la tête et redescend dans les chevilles...

Fort du triomphe pas forcément mérité du Sin City co-réalisé avec son comparse l'inénarrable Robert Rodriguez, Frank Miller s'imagine qu'il a soudainement tout compris au cinéma et s'émancipe en voulant se la jouer solo. Malheureusement, à trop vouloir voler de ses propres ailes, il ne se rend pas compte qu'il souffre du syndrôme d'Icare et se prend une gamelle des plus magistrales.

Je n'ai jamais lu le comics, que ce soit l'original de Will Eisner ou sa reprise par Miller, unanimement saluée par la profession et les lecteurs. Je n'ai donc aucun élément de comparaison, alors je me contenterai de parler du film en lui-même. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est particulièrement raté. En gros, le seul point à peu près positif est le style graphique, à mi-chemin entre le Sin City précédemment cité et un "noir et décoloré" un peu plus traditionnel. En soi, ce style fonctionne plutôt bien. Le problème, c'est qu'il nous crie "Allez les pigeons, vous avez kiffé Sin City, mon nouveau joujou est tout pareil alors filez-moi votre pognon !" Oui mais non, désolé Franky, ce Spirit-là pue un peu trop du groin pour être attirant.

Car tout le reste est d'une nullité abyssale : scénario crétinissime, dialogues grotesques, costumes ridicules, personnages inutiles, tentatives d'humour qui tombent à plat, mise en scène aux fraises qui se focalise exclusivement sur l'esthétique et en oublie la direction d'une brochette d'acteurs pourtant habituellement excellents, ici en mode cabotinage grandiloquent... Est-il besoin d'en rajouter ?

Il y a certains films qui sont tellement mauvais qu'ils en deviennent involontairement jubilatoires... ici, même pas. Ca se veut cool, fun et drôle mais ça respire la prétention et ne déride pas une seule fois un spectateur plongé dans la torpeur d'un ennui profond.

A fuir.