"The Square" est un film qui met mal à l'aise. On est mal à l'aise, car Ruben Östlund nous brandit le miroir peu flatteur de notre imparfaite humanité et de notre société occidentale individualiste. Le réalisateur suédois s'était déjà intéressé à un sujet similaire dans "snow thérapy" en braquant sa caméra sur la lâcheté d'un père de famille abandonnant femme et enfants devant la menace d'une avalanche.
Ici Ruben Östlund, pointe plutôt le contraste entre les discours humaniste d'un conservateur de musée, tendance gauche bourgeoise et ses actes dictés par l'individualisme, l'égoïsme et la protection de son petit confort personnel. Le rapport de ce monde d'intellectuel bourgeois face à l'autre (immigré, miséreux, handicapé) est bien résumé dans la célèbre scène, reprise sur l'affiche, de l'homme-singe qui fout en l'air un diner mondain. D'abord de la condescende et l'amusement, très vite remplacé par le peur, la lâcheté et la violence.
Ruben Östlund est tellement juste dans ce qu'il dénonce que l'on est alors obligé de se remettre en question. Qui n'a jamais fait semblant de ne pas entendre le SDF qui nous demande de l'argent ? Qui n'a jamais baissé les yeux face au type chelou qui fout le bordel dans le métro en espérant que ce dernier de nous prendra pas à partie ? Qui n'a jamais hésité à intervenir face à un incivilité ? Qui n'a jamais éprouvé de la méfiance vis-à-vis d'une personne à la couleur de peau ou à la classe sociale différente de la notre ? L'homo-sapiens de nos société occidental est égoïste et lâche. Et ça fait mal de l'admettre.
Bref, Ruben Östlund appuie là ou ça fait mal, mais n'est jamais donneur de leçon. Sans doute parce que lui aussi a surement un peu de Christian en lui. Comme vous, comme moi et incontestablement comme le jury qui lui a donné une palme d'or.