Chose assez rare dans le cinéma hong-kongais, il s'agit d'un film à sketch pour 3 segments qui n'ont pas forcément de rapprochement thématiques si ce n'est l'idée très très lointaine de "conjoints" atypiques et une tonalité plus ou moins fantastique.
Eric Tsang se lance dans un film de SF anticipation (ce qui est assez rare aussi à HK) où la génétique avancé permet aux hommes d'être enceinte. Et le premier Cobaye est Eric Tsang, à la fois devant et derrière la caméra. Un sketch étonnant, capable de mélanger humour lourdingue et premier degré presque émouvant avec une réalisation pas si mauvaise où Tsang tente quelques trucs pour mettre en valeur l'architecture (et les repérages). Difficile de dire si j'ai jamais car c'est totalement schizo et déconcertant.
Le deuxième est signé par Lo Kin et reste peut-être celui qui s'éparpille le moins (c'est dire !). Une femme est assassinée par son mari et son fantôme va rendre visite à un scientifique de la police criminelle qui travaille justement à la reconstitution des visages en se basant sur des crânes non identifiés. Ca aurait pu donner un long-métrage intéressant mais condensé sur 30 minutes, les événements s'enchaînent trop vite pour que l'ambiance, le trouble et le mystère fonctionnent correctement. La fin est à ce titre trop expédiée.
Alfred Cheung conclut avec une thriller teinté d'humour noir pas déplaisant où une femme est tuée par sa sœur jumelle alors qu'elle était sur le point de se séparer de son mari. La nouvelle "épouse" essaie donc de relancer le mariage. Mais les choses sont un peu plus compliqué que prévu.
Le scénario est donc absurde et crétin avec un deuxième twist improbable mais amusant... comme la technique pour se débarrasser du corps humain. Outre, un rythme bien dosé, le gros avantage de cette ultime segment est de bénéficier de la présence de Cécilia Yip, instable, imprévisible et donc inquiétante.
Au final, un film à sketch qui peut se regarder pour son casting sympatoche et l'"originalité" des concepts. Après, il est évident que ça s'adresse aux mordus de cinéma HK et pas aux néophytes car il faut admettre que c'est très bordélique dans la narration puisque les 3 segments sont déjà assez différents les uns des autres et qu'ils mélangent en plus eux-mêmes les registres. Mieux vaut d'ailleurs les regarder indépendamment que de les enchaîner.