Il pleut des cordes dès le début et on a plaisir à voir ce déluge, l'ambiance est posée...Je passe le déroulé du film que chacun aura plaisir à revoir dans sa tête pour discuter des interprétations à donner à l'intrigue.
S'agissant de la femme en blanc je ne partage pas le point de vue de certains sur le fait qu'elle soit un fantôme. On serait davantage dans une référence au western du bon, de la brute et du truand, respectivement la femme en blanc, le japonais et le chaman. Ici, la femme en blanc semble plutôt jouer le rôle de l'ange-gardien qui sème des indices et essaye de faire changer d'avis le héros débonnaire mais flic quand même.
Comme souvent le bien ne peut pas tout lorsque l'homme ne prend pas la décision d'avouer ses erreurs, pêchés, faiblesses, et lorsque le coq chantera il sera encore dans le déni.
Se pose alors la question de la scène de ce fameux pêché qui semble être la pierre angulaire, le basculement du film, lorsque le flic est surpris dans la voiture avec une femme...est-ce sa femme ? Pas si sûr, car pourquoi poserait-il tant de questions à sa fille sur ce qu'elle aurait vu et à combien de reprises. Il lui offre alors des cadeaux comme pour la corrompre lorsqu'ils sont assis au bord du fleuve, le père achète le silence de sa fille qui accepte de ne rien dire, et devient par la même occasion complice, le mal peut alors l'envouter car la porte est ouverte, l'hameçon est mordu.
Il y a donc à chaque fois l'idée de choix tout comme dans l'associé du diable, l'homme est maître de son destin, or dès qu'il trébuche (ici pêche par adultère ou gourmandise on ne sait pas très bien) son âme devient alors manipulable par le mal qui s'en empare d'autant plus aisément.
Vient alors le bien, qui ne peut qu'essayer de ramener l'homme dans le droit chemin et lui faire reconnaître ses erreurs, mais lorsque le coq chante il reste dans le déni et, aveuglé par ses préjugés, ferme la porte à sa rédemption alors que la femme en blanc le supplie de de "ne pas céder à la tentation". La tentation de la curiosité, encore un vilain défaut ?
Le japonais serait effectivement le diable qui se paye même le luxe de ressusciter comme Jésus et de se moquer du jeune diacre naïf. Ce dernier est tellement stupéfait de ce qu'il voit qu'il en oublie avoir la possibilité de fuir, un vrai chevreuil dans les phares d'une voiture, alors même que le démon japonais lui dit ne pas être certain qu'il puisse s'en aller, le diacre figé par ces paroles n'essaye même pas de s'enfuir alors qu'il n'est pas retenu physiquement, comme envouté par la possibilité qu'il ne puisse pas s'échapper. Drôle de scène des photos et flash qui se moquent de ce diacre impuissant tout comme "l'Eglise qui ne peut rien faire pour vous" disait auparavant le prêtre de la paroisse.
Un film à diverses interprétations donc mais c'est pour ça qu'on les aime.
Le libre arbitre est laissé aux personnages comme au spectateur, réussi !