The Strangers
7.5
The Strangers

Film de Na Hong-Jin (2016)

un brin choquée par ce film, j’ai beaucoup lu et cherché des réponses à mes questions après l’avoir vu au cinéma. La fin laisse vraiment des possibilités d’interprétations différentes et on peut légitimement être frustré par cette absence de conclusion.


Mais, il y a des moments magiques dans ce film (sans mauvais jeu de mot), comme le moment qui prend à rebours les codes du genre, avec la scène où les policiers paniquent lorsqu’une jeune fille apparaît toute mouillée devant la fenêtre du commissariat. Ils ont une réaction plus que normale pour des personnes qui sont en train de se monter la tête avec des histoires de fantômes, comme des enfants qui joueraient le soir à se faire peur, ou bien comme nous les spectateurs quand on regarde un film d’épouvante, mais clairement ce n’est pas une réaction normale pour un policier. L’effet de décalage, et de miroir peut-être, est super drôle. Que raconte l’histoire ? Une maladie, entre folie meurtrière et peste bubonique, s’abat sur les habitants d’un village rural. On a une figure de l’étranger avec un ermite japonais qui fait peser une menace car des rumeurs courent sur son compte (violeur, sorcier, démon etc...) mais de notre point de vue il constitue l’archétype de la fausse piste, victime de la xénophobie des protagonistes. N’empêche, on voudrait bien qu’il ait une bonne raison d’habiter dans une cabane dans les bois, d’avoir un chien agressif, des photos bizarres et des animaux morts dans sa cabane. On a aussi un policier à contre-emploi qui n’a pas les moyens ni le temps d’enquêter correctement, il se laisse tantôt séduire par l’hypothèse surnaturelle tantôt il se renfrogne dans sa quiétude paresseuse, dans son quotidien et tente d’être sceptique et rationnel.
Le film ne nous propose pas d’entrer dans un monde surnaturelle, il nous demande si oui et pourquoi nous serions prêt à accepter, le temps d’un film, l’existence du diable, d’ange, de chaman pour donner un sens à ce qui n’en a décidément pas : la maladie, la mort, la perte inéluctable des êtres qui nous sont chers, le constat fataliste qu’on ne sait ce qu’on a que lorsque l’a perdu.
Le souvenir qu’il m’a laissé est intact, je suis contente de l’avoir vu sur grand écran. Il était suffisamment bien construit pour ne pas être suspect de « se la jouer » et d’arnaquer le spectateur avec une fausse intrigue qu’on n’aura pas conclu par flemme en prétextant un geste artistique. Ceci dit j’ai eu besoin de temps et de réflexion pour écarter cette hypothèse. (tout ca me fait changer la note)

allule
8
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le 24 oct. 2016

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allule

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