Claire aime son métier. Coiffeuse, elle s’abreuve des histoires des clientes de passage dans son salon, vit un bout de leur vie par procuration… avant de leur ôter d’un bon coup de ciseaux dans le crâne. Puis de scalper ses victimes et de conserver les moumoutes ensanglantées pour sa collection personnelle. Un jour, une cliente fraternise. Suffisant pour pousser la sociopathe à remettre en question les vertus de l’homicide ?
À l’origine, The Stylist est un court-métrage de treize minutes, qui a rencontré un beau succès en festival. Au point de déclencher un financement participatif pour avoir du rab. 60 000 dollars récoltés plus tard, la coiffeuse-tueuse à la chevelure de feu bénéficie désormais d’1 heure 45 pour jouer du ciseau et équarrir son infortunée clientèle. Plutôt profond et léché, le film s’attarde à explorer la psyché de son personnage, sonder son mal-être, ses complexes, ses dilemmes devant la frustrante attraction de cette normalité qui se dérobe, plutôt qu’à se vautrer dans de généreuses baignoires d’hémoglobine. Quitte à parfois tomber dans les travers traditionnels du cinéma indépendant américain : facilement poseur, pour à l’arrivée ne pas dire grand-chose. À voir cependant, ne serait-ce que pour la curiosité d’un « slasher » entre femmes, petit manuel de sororité contrariée où les hommes sont quasiment tout le temps renvoyés au hors-champ. On conseillera donc le premier film de Jill-Sixx Gevargizian davantage aux amateurs de thriller psychologique qu’aux aficionados de bonne triperie entre copains.